«Les frontières de l’Algérie sont à découvert face aux ennemis de l’Algérie et aux terroristes.»
7000 gendarmes ont été mobilisés aux frontières algéro-libyennes. Résultat des courses: le wali d’Illizi a été enlevé en plein jour. Que faisaient l’escorte censée protéger non seulement le wali mais aussi sécuriser tout le périmètre où devait se rendre ce commis de l’Etat? Il va sans dire qu’un pareil relâchement est très grave et des têtes doivent tomber! L’incident, qui se produit trois mois après l’enlèvement de trois ressortissants européens dans un camp de réfugiés sahraouis près de Tindouf, est un véritable pied de nez aux autorités, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, parce qu’il s’agit d’un haut responsable de l’Etat qui était en mission de travail. Ensuite, il a été kidnappé dans une zone supposée être hautement sécurisée en raison des troubles qui marquent la région depuis maintenant une année. Enfin, c’est au wali que revient la charge de veiller à la sécurité des ses administrés. Les ravisseurs du wali d’Illizi viennent de lancer un véritable défi au pouvoir politique à travers cet acte qui ne pourrait en aucun cas être mis sur le compte d’obscurs protestataires venus réclamer des droits comme cela a été mentionné par quelques médias. Il s’agit bel et bien d’une action planifiée dans le temps et dans l’espace, qui remet à la surface la question de l’insécurité dans le Grand Sud. Evidemment, cette action spectaculaire vise à semer le doute parmi une population qui se sent de plus en plus abandonnée par les pouvoirs publics.
Cet incident, très grave au plan sécuritaire, nous rappelle les enlèvements des walis au milieu des années 1990 quand les terroristes du GIA (Groupes islamiques armés) bombaient le torse. Embuscade meurtrière sur la route de Tissemsilt: le 11 janvier 1994, le wali de Tissemsilt a été assassiné avec 18 de ses accompagnateurs lors d’une embuscade tendue à la sortie de la commune de Theniet El Had. A la même époque, le wali de Bouira a échappé de justesse à un attentat au niveau du village d’Ahl El Ksar grâce à la vigilance des citoyens qui ont averti les services de sécurité. C’est suffisant pour dire que le dispositif sécuritaire gagnerait à relever le niveau de son état d’alerte pour plus de rigueur et de vigilance. Cela même s’il est vrai que nos frontières avec la Libye s’étendent sur une distance impossible à surveiller entièrement. Le réseau terroriste, qui active au sud du pays, dont le nombre s’élève à plus de 200 éléments, aurait-il travaillé de concert avec les insurgés libyens pour enlever le wali? Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a pourtant souligné en avril 2011 que «les frontières de l’Algérie avec la Libye sont à découvert face aux ennemis de l’Algérie et aux terroristes».
Tout a été dit dans ces propos mais apparemment ils n’ont pas été pris en considération. M.Ould Kablia avait même ajouté que «la situation sécuritaire dans le Sud algérien est très inquiétante suite au retrait total des gardes-frontières et de l’armée libyenne des frontières s’étendant de la forêt de «Gatte» aux frontières avec le Niger». Les moyens spéciaux qu’utilise l’Armée algérienne pour la surveillance et la défense des frontières sont-ils suffisants et efficaces? La guerre civile ayant éclaté en Libye ne fait qu’amplifier le crime organisé, contrebande, trafics en tout genre, rapts et terrorisme. Ceci a contraint les autorités militaires à procéder à la fermeture même provisoire des frontières. Mais cela n’a été qu’une solution urgente et provisoire qui s’avère aussi insuffisante, car de l’autre côté de la frontière il n’existe pas de partenaire. C’est ce qu’avait déclaré le conseiller du président de la République, Abderazek Bara. Et c’est ce qui vient de se passer. Il est à noter que cette opération intervient presque une année après le rapt d’une touriste italienne à Djanet et moins de trois mois après l’enlèvement énigmatique de trois humanitaires européens près de Tindouf. En fait, elle remet à la surface un problème majeur lié à la souveraineté de l’Algérie faisant aujourd’hui l’objet de menaces sérieuses dans lesquelles sont impliquées des parties voisines. L’heure est grave.