Les Sociétés de gestion des participations de l’État (SGP) seront transformées en groupes industriels. C’est là la pierre angulaire de la nouvelle stratégie industrielle qui prend forme à travers la restructuration du secteur public marchand industriel.
Cette restructuration a été entérinée le 28 août dernier par le Conseil des participations de l’État (CPE) qui a approuvé la création progressive d’une dizaine de grands groupes industriels avant la fin de l’année. Un comité de pilotage interne a été installé pour tracer une feuille de route identifiant et ordonnançant les différentes phases de la mise en œuvre de la nouvelle organisation du secteur public marchand industriel.
En clair, l’objectif affiché est de créer des groupes industriels en remplacement des SGP sur la base des synergies existantes et des potentiels que présentent les marchés cibles dans les différents secteurs.
En termes plus clairs, il s’agirait de créer des entreprises de taille critique capables de prendre en charge le programme des investissements publics dans le cadre du plan quinquennal 2015-2019. Il s’agit aussi pour les nouveaux groupes industriels d’avoir un poids leur permettant de mener des négociations en vue de partenariats futurs avec des privés, qu’ils soient nationaux ou étrangers.
Selon une esquisse du schéma de reconfiguration du SPMI, dont Liberté détient une copie, la mise en place de cette reconfiguration doit se déployer au regard d’une triple exigence. Un mode de gouvernance en mesure de porter positivement la concrétisation des orientations stratégiques du plan d’action du gouvernement, assurer une structuration et une articulation des attributs de l’État stratège et de l’état actionnaire et enfin activer le processus de reconfiguration sans générer de perturbation du système productif actuel ni de dilution et délitements des responsabilités.
Par ailleurs, cette nouvelle configuration tient compte de quatre paramètres. Il s’agit du regroupement des entreprises par branches et filières industrielles, de la recherche d’une taille critique pour donner de la consistance aux groupes industriels ciblés, l’importance des investissements projetés dans les plans de développement validés par le CPE et enfin la poursuite du suivi des transactions réalisées et du processus de liquidation des entreprises dissoutes. La reconfiguration proposée se décline selon une structure à trois niveaux. En lieu et place des 18 SGP actuelles, il y aura une Société de développement industrielle (SDI) qui assurera le rôle d’interface entre l’Etat actionnaire et les EPE régies par les dispositions du code du commerce.
La SDI sera créée par voie de résolution du CPE sous forme d’EPE-SPA. Au deuxième niveau, il y aura 10 groupes industriels, issus de la transformation des 18 SGP et groupes actuels du ministère de l’Industrie et des Mines, auxquels s’ajouteraient des entités industrielles issues d’autres secteurs. Et enfin au troisième niveau, il y aura 317 EPE constituées d’entreprises mères ou filiales, déployées à travers le territoire national. Cette restructuration vient pallier les limites révélées dans l’organisation et la gestion des SGP et de façon général, et du schéma de gestion des participations de l’Etat dans le secteur productif.
En effet, pour les responsables du ministère de l’Industrie et des Mines, l’organisation actuelle du SPMI autour de SGP ne contribue plus à la mise en œuvre du développement de l’entreprise. Les SGP se sont constituées en structures budgétivores avec plus de 6 mds DA consommés. Devenues des gouffres financiers, les entités économiques ont connu déjà par le passé de nombreuses opérations d’assainissement, de toilettage et de réorganisation.
Depuis 2009 à ce jour, un plan d’assainissement des entreprises publiques de 320 milliards de DA a été réalisé par l’Etat en plus d’un plan de financement pour redynamiser ce secteur public industriel. Seulement 18% de ces financements ont été consommés par les entreprises bénéficiaires. Telle qu’elle est déclinée, la démarche pourrait donner des résultats probants. Cependant, pour les observateurs, d’autres éléments tout aussi importants que cette opération devraient être pris en considération.
Il est question particulièrement du fonctionnent interne des entités publiques, mais aussi de la nécessité d’appliquer des règles de gestion économique rigoureuses pour transformer l’entreprise publique en une entité créatrice de richesses, et non pas en un gouffre financier.
S. S.