Dans un récent rapport, le FMI analyse la réalité du chômage en Algérie. Une réalité qui touche surtout les jeunes et les femmes. Il appelle à aider les petites entreprises à stabiliser et à créer l’emploi.
L e principal défi économique pour le pays est de créer suffisamment d’emplois pour une population en âge de travailler qui est croissante. Selon les différentes projections, avec une faible participation de la population active, l’Algérie aura besoin de créer 2,3 millions d’emplois d’ici à 2030 pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail. Pour amener progressivement la participation au marché du travail de 40 à 60%, il faudra la création de 5 millions de nouveaux emplois d’ici à 2030. Le défi est colossal, mais il offre aussi une occasion unique.
L’Algérie vit une transition démographique et cela exige la création massive d’emplois à forte valeur ajoutée afin d’aboutir à une accumulation plus rapide de la croissance et de l’épargne. L’expérience réussie dans les marchés émergents montre que l’atteinte de cet objectif commence par un environnement macroéconomique favorable et stable, et comprend des politiques qui uniformisent les règles du jeu entre les entreprises. Cela induit aussi l’amélioration de l’accès aux ressources productives et aux services financiers à toutes les catégories de la population et, partant, l’encouragement des entreprises à profiter de possibilités du marché et des développements technologiques.
Dans le cas de l’Algérie, il est encore possible de mettre en place des politiques visant à diversifier l’économie dans des secteurs qui absorbent de la main-d’oeuvre et favoriser les projets d’investissement qui créent l’emploi local. Il faut retenir que les jeunes âgés de 15 à 24 ans représentent 30 % de la population en âge de travailler. Comme les taux de fécondité est en baisse depuis les années 1990, le rapport des groupes d’âge parmi les chômeurs (moins de 15 ans et 65 ans et plus) par rapport aux groupes en âge de travailler (15 à 64 ans) a diminué.
Comme on s’attend à ce que des générations atteignent l’âge de la retraite, le taux de dépendance des personnes âgées va augmenter à nouveau et la situation des caisses d’assurance sociale sera encore fragilisée. Une grande part de la population en âge de travailler reste en dehors de la population active. Le taux de participation au marché du travail, 47%, est très faible par rapport aux normes internationales, surtout parce que les taux de participation des femmes et la population active jeune sont faibles.
La baisse significative du chômage entre 2004 et 2008 a été atteint, à la fois par la création modeste de l’emploi du secteur privé et public, accompagné par la petite des gains nets de la population active. Entre 2008 et 2013, la création d’emploi s’est stabilisée, en particulier dans le secteur public, pour aboutir à un chômage stable à environ 10%. En parallèle, on enregistre une augmentation significative de l’emploi précaire, c’est-à-dire à durée déterminée. Dans ce contexte, le secteur privé est dominé par des activités à faible productivité et chez en son sein que l’emploi se caractérise par une très faible proportion d’employés permanents (7,5%).
Cette part a été la même de 2010 à 2013. La grande majorité de l’emploi dans le secteur privé est composé de travailleurs indépendants et à durée déterminée : employés/apprentis (respectivement 42,1% et 39,8% de l’emploi). Presque 70% de l’emploi dans le privé est abrité par des entreprises qui comptent moins de cinq employés. C’est dire la fragilité de la situation.
Ces petites entreprises ont tendance à avoir une faible productivité. Au même moment, une part importante de femmes sont sousemployés, (29% des femmes qui travaillent sont sous-employés contre 18,6% des hommes en 2013, selon le BIT). L’emploi tend à être plus précaire dans les zones rurales. Car si les taux de participation au marché du travail sont similaires dans les zones urbaines et rurales (avril 2014), mais les zones urbaines ont des taux de chômage plus élevés.
Dans ce même rapport, on souligne d’importantes disparités entre les compétences et les besoins du marché du travail. Les sondages d’opinion effectués par la Banque mondiale en 2013 montrent que les employeurs algériens se disent entravés par un manque de compétences de la population active : près de 60% des employeurs du secteur public et 35% des employeurs du secteur privé déclarent que les compétences font défaut. En outre, plus de 65% des employeurs du secteur public et 56% des employeurs du secteur privé déclarent avoir des difficultés à combler les postes vacants, surtout au niveau professionnel et de gestion.
N. B.