Malgré les milliards de dinars engagés par l’Etat, les entreprises publiques industrielles restent à la traîne. Un constat amer que le premier ministre n’occulte pas.
Abdelmalek Sellal, ne mâchant pas ses mots, met en garde les responsables de ces entreprises budgétivores, les sommant de ne plus » faire dans la médiocrité « . Il les a appelés à « passer à la vitesse supérieure » en termes de développement et de création d’emplois, tout en réaffirmant que l’Algérie continuera à compter sur son secteur public.
Une déclaration qui sonne comme un avertissement. Les responsables sont dorénavant sommés de faire preuve d’agressivité sur le marché. Abdelmalek Sellal qui s’exprimait, lors d’une réunion avec les présidents des directoires des 26 SGP, a reconnu que le secteur industriel public « n’évolue pas comme le souhaite le gouvernement ».
Il a surtout déploré, devant des responsables des entreprises industrielles et en présence de membres de son gouvernement, le fait que des filiales industrielles publiques continuent d’enregistrer des reculs dans leur niveau de production, alors qu’elles ont bénéficié de plans de charges très coûteux pour l’Etat. Le recul ainsi enregistré dans les filières métallurgie, ciment, phosphate ou encore agro-industrie, s’avère donc « complètement inexpliqué », a-t-il relevé. « Beaucoup d’argent a été dépensé mais les indicateurs de gestion des entreprises publiques, restent en deçà de nos attentes », a-t-il regretté. De mauvaises performances, faut-il le dire, qui se répercutent sur plusieurs secteurs et qui obligent l’Etat à recourir à l’importation à coup de milliards.
C’est le cas notamment du programme de construction de logements, qui connaît de grands blocages en raison de la crise de ciment. De son côté, le ministre des Finances, chiffres à l’appui, a illustré l’ampleur de l’échec et les pertes considérables causées au trésor public, par un secteur public en éternel hibernation. « Il ne faut pas continuer à penser que tout doit venir de l’Etat, l’entreprise publique doit faire face à son marché, développer son contrôle interne et adopter une gestion économique plus moderne et plus souple », a-t-il soutenu. Selon lui, ces dernières années, l’Etat a engagé plus de 1 000 milliards DA, pour assainir les situations financières du secteur public. Ainsi, 900 milliards (mds) DA ont été consacrés à cet assainissement, auxquels s’ajoutent 60 mds DA pour le soutien des fonds de roulement et 29 mds DA pour la prise en charge des agios bancaires impayés.
Et, avec un engagement bancaire de 2 138 mds DA au profit du secteur public, le gouvernement aurait souhaité avoir un bon niveau de dividendes versés au Trésor public, souligne Djoudi. Or, le montant des dividendes versé au budget de l’Etat en 2011 par le secteur public industriel, n’a pas dépassé 1,4 md DA contre une trentaine de milliards de DA versés par les banques, a-t-il relevé. La majorité des responsables des SGP qui sont intervenus lors de la réunion, ont reconnu que les entraves du passé n’existent plus aujourd’hui, ce qui conduira, selon eux, à réaliser des progrès importants en production et en termes de création d’emplois dans le futur.
Ils ont déploré notamment l’ampleur du marché informel en Algérie, et ont proposé la défiscalisation de certaines activités industrielles. Une demande à laquelle le Premier ministre ne semble pas adhérer. En fait, Sellal a laissé entendre que la suppression de certains impôts, comme la TVA, n’était pas une option future pour le gouvernement. « Je ne proposerai jamais de réduire la TVA par exemple, car c’est une taxe qui génère des ressources importantes pour le budget de l’Etat », a-t-il dit. En d’autres termes, il est temps que les entreprises publiques apprennent à évoluer dans un climat, parfois hostile, mais, à l’image des entreprises privées, trouver le moyen de s’adapter tout en défendant bec et ongles, ses parts de marché.
Par Aomar Fekrache