La sécheresse menace une nouvelle fois la Corne de l’Afrique.
L’Onu et ses institutions lancent l’alerte. Selon la porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’Onu, Elisabeth Byrs, «le manque de pluies a provoqué une crise alimentaire importante dans cette région du monde. On n’a pas vu de telle sécheresse depuis 60 ans», dira-t-elle, indiquant que «dans plusieurs régions, on peut parler de famine et de malnutrition aigue». La FAO précise, quant à elle, que les populations nécessitant une aide d’urgence sont passées de 6,3 millions d’individus début 2011 à 10 millions en juillet – soit une augmentation de 40% – et ce, à Djibouti, en Ethiopie, au Kenya, en Somalie et en Ouganda (région de Karamoja).
«C’est au Kenya que se trouvent la majorité des personnes récemment affligées (1,2 million). Les réfugiés somaliens présents dans les camps au Kenya et en Ethiopie ont, par ailleurs, atteint le niveau sans précédent de quelque 517 000 personnes», a-t-elle précisé. La région a connu deux saisons consécutives de précipitations nettement inférieures à la moyenne, qui s’est négativement répercuté sur la production agricole, surtout les principales céréales (sorgho et millet caractéristique de cette région d’Afrique), épuisé les ressources pastorales et accentué la mortalité du bétail. «Nous allons probablement avoir une véritable catastrophe dans les prochains mois», a indiqué, pour sa part, le directeur de l’Unicef, Anthony Lake, expliquant qu’il n’y aura pas «de grosse récolte avant l’année prochaine» et par conséquent «les six prochains mois vont être très difficiles». Le chef de l’Unicef s’est rendu samedi au nord du Kenya et passera également par le Turkana, une des régions du pays les plus durement touchées où le taux de malnutrition atteint 37% de la population, comparé à 15% en 2010, selon le groupe d’aide humanitaire Oxfam. Les projections du Groupe intergouvernemental des experts en évolutions climatiques (Giec) convergent dans le même sens. Il estime que «vers l’an 2020, 75 à 250 millions de personnes en Afrique seront exposées à un stress hydrique accru en raison des changements climatiques».
Pour autant, l’Onu a lancé le 13 juillet une mission en Somalie, consistant en l’approvisionnement de cinq tonnes d’aide alimentaire et médicale, dans la région de Baidoa, dans le centre du pays. Les pays donateurs ont promis des millions de dollars, mais selon le haut responsable de l’Onu, tous les besoins ne seront pas couverts. La Grande-Bretagne a promis samedi une aide d’urgence de 52 millions de livres (59 millions d’euros) qui permettront de venir en aide à quelque 500.000 personnes en Somalie, et notamment de soigner 70.000 enfants souffrant de malnutrition. Le gouvernement allemand a également augmenté de 5 millions d’euros son aide d’urgence pour la Corne de l’Afrique. L’argent sera mis à la disposition d’organisations «qui connaissent bien le terrain» et du Programme alimentaire mondial (PAM), l’agence Onusienne chargée de la lutte contre la faim. Londres et Berlin ont ainsi répondu à la demande du PAM, qui lancé le 8 juillet un appel à une aide internationale. Mais en dépit des promesses, les financements se font toujours attendre. L’appel de fonds 2011 pour Djibouti (39 millions de dollars) n’est actuellement financé qu’à 30%. Celui pour la Somalie, de 529 millions de dollars, ne l’est qu’à 50% tandis que celui pour le Kenya (525 millions) est financé à 54%.
L’Unicef affirme, de son côté, qu’il faudrait 31,8 millions de dollars (22,48 millions d’euros) pour aider, pour les trois prochains mois, les millions de femmes et d’enfants en danger. Vu la gravité de la situation, la FAO va tenir une réunion ministérielle d’urgence, le 25 juillet, pour aider la Somalie. Selon le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, «la France, (dans le cadre de sa présidence du G20) a demandé et obtenu cette réunion à Rome sous la présidence du directeur général de la FAO, Jacques Diouf pour lancer un programme exceptionnel d’aide à la Somalie».