Le 7e congrès qui se tiendra aujourd’hui sera caractérisé par une course effrénée de ceux qui veulent maintenir le statu quo au sein du mouvement, c’est-à-dire reconduire le président sortant, à savoir Abderezzak Makri.
Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) tiendra aujourd’hui son 7e congrès national. Cet événement se déroule dans un contexte très particulier pour le MSP, un mouvement qui a pris ses distances du pouvoir en place. Ces distances étaient préconçues sur le plan tactique dans la perspective de surfer sur la vague et «la vogue» de l’époque à savoir le semblant «Printemps arabe», alors que le MSP était mordicus partie prenante du pouvoir en place lors de déclenchement de ce simulacre de «Printemps arabe». Depuis, le MSP a subi des mutations dans son discours et dans sa pratique partisane par rapport à l’évolution politique que connaissait le pays en particulier et les bouleversements dont faisait l’objet le Monde arabe en général. Le Mouvement de la société pour la paix s’est vu enveloppé par un discours teinté d’un radicalisme tactique et sournois, voulant se proposer comme une alternative dans le cadre d’une déferlante qui a envahit la Tunisie, l’Egypte et surtout la Turquie avec un Erdogan recourant à tous les stratagèmes pour mettre en place un islamisme totalitaire et liberticide. Mais le MSP de Makri a oublié que son mouvement a cumulé un passif politique qui ne peut guère l’effacer d’un revers de la main et faire en sorte de proposer un produit dépouillé d’un parcours somme toute pro-pouvoir depuis des années. Le 7e congrès va certainement aborder cette «déroute» stratégique de la nouvelle approche adoptée par Makri lors de son mandat à la tête du MSP en remplacement d’un Bouguerra Soltani qui prônait la démarche participationniste au sein de l’Exécutif. Selon des sources concordantes au sein de la direction du MSP, tout semble prendre une allure d’un accord entre les courants les plus influents au sein du mouvement pour allier autonomie politique et trouver un moyen souple qui permettra au MSP de renouer avec l’approche fondatrice consistant à participer au gouvernement. Cette démarche a été mise en branle par le défunt et père fondateur du mouvement, Mahfoud Nahnah et que Bouguerra Soltani n’a fait que suivre en respectant la démarche de son prédécesseur.
Makri sait que le contexte de 2011 où la possibilité de voir la mouvance islamiste accéder au pouvoir dans les pays arabes avec la coordination de l’internationale islamiste constituée de l’organisation des Frères musulmans et ses ramifications y compris en Algérie par son représentant qui ne daigne pas cacher cette appartenance, le MSP en l’occurrence, n’est plus le même et que la mouvance islamiste a connu des déboires qui ont fait que son recul est intimement lié à ses connivences directes avec les puissances étrangères qui projettent depuis des années de reconfigurer le Monde arabe avec un agenda faisant des islamistes leur fer de lance. Le MSP est traversé par des tiraillements qui se sont manifestés par des visions disparates en son sein. Mais ces tiraillements sont gérés de la façon qui donne l’impression que le compromis et le respect des statuts sont des instruments de règlement des situations de blocage au sein des structures du MSP. Le 7e congrès qui se tiendra aujourd’hui sera caractérisé par une course effrénée de ceux qui veulent maintenir le statu quo au sein du mouvement, c’est-à-dire reconduire le président sortant, à savoir Abderezzak Makri et ceux qui le soutiennent. Il y a aussi le clan qui est incarné par Bouguerra Soltani qui aspire vivement accéder à la présidence du mouvement. Soltani est allé jusqu’à afficher sa position en déclarant qu’«il est important de participer au gouvernement et revenir à notre tradition politique qui consiste a être proche du pouvoir», a asséné en insistant sur «la moucharaka al nassiha». Cette position est présentée comme une sorte d’appel pour venir en aide à un Soltani affaibli au sein du mouvement et qui ne sait plus à quel saint se vouer. Contrairement à lui, le clan de Makri est consolidé et conforté dans sa position même s’il donne l’image de celui qui use d’un discours radical, il adopte une démarche relevant d’une espèce d’intransigeance quant à la ligne politique du mouvement comme une forme de message adressé à sa base dans l’objectif de rallier davantage de militants à sa cause lors du congrès pour préserver ces chances de briguer son deuxième mandat à la tête du MSP. Le 7e congrès a été ficelé par les pro-Makri de la sorte que le président sortant sera plébiscité. Ce scénario a été conçu lors de la fusion réalisée avec Menasra. Celui-ci sait que Abderezzak Makri a usé de son poids et de ses prérogatives pour surseoir à cette unité et d’essayer de colmater les brèches du mouvement qui ont été fissurées par Bouguerra Soltani lors du 5e congrès en 2008 où le MSP s’est atomisé en plusieurs sensibilités et courants avec des conséquences néfastes amenant le mouvement à connaître une saignée sans précédent depuis sa création. Makri est conscient que sa structure ne saura maintenir sa position envers le pouvoir en place éternellement. Dans ce sens, Menasra est le représentant idéal pour jouer ce rôle sans sacrifier l’équilibre maintenu par le président sortant et les disciples de Menasra. Makri vise d’abord à écarter complètement Bouguerra Soltani en le désavouant lors du vote des congressistes et laisser le soin après au bureau exécutif d’aborder les nouveaux rapports avec le pouvoir en place. Menasra est l’allié fidèle de Makri, il est aussi la voix modérée du mouvement, il est surtout de ceux qui considèrent que la participation au sein du gouvernement est indispensable. Donc, Makri veut influer sur la tendance générale du congrès en optant pour une démarche qui n’affiche pas une espèce de réconciliation avec l’Exécutif, mais au fond il a mis en place un deal avec ses alliés pour contrer Soltani et entamer le processus de la participation dans le gouvernement.
Tout compte fait, le 7e congrès sera l’espace où le MSP essayera de maintenir les équilibres actuels en son sein en reconduisant le même personnel à la tête du mouvement, mais aussi revoir ses choix politiques surtout par rapport au pouvoir.
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