Les différentes sorties ont engendré des brouillages au climat politique déjà assombri par le statu quo.
Pour qui a suivi l’actualité politique ces derniers jours, les différentes sorties médiatiques sont «déroutantes». De vieux acteurs politiques, distillant des messages codés quand d’autres plus bruyants crient aux manoeuvres de haute voltige, en prévision de la succession au pouvoir. Loin de faire leur promotion politique, l’intrusion de ces anciens acteurs, muets, il n’ y a pas si longtemps, suscite des interrogations. Dans une scène enchevêtrée où tout le monde se tait, ou parle en même temps, les différentes sorties ont engendré des brouillages au climat politique déjà assombri par les nuages épais de statu quo. Dans cette scène surréaliste, les buts politiques recherchés à travers toutes ses foultitudes de sorties sont illisibles.
L’ancien ministre de l’Intérieur qui s’exprimait à partir de Boumerdès, en tant que président de l’Association des anciens du Malg, n’a pas hésité à affirmer que «la situation du pays est floue et le pays se trouve dans l’impasse du fait de la nature autoritaire du régime». Ould Kablia envoie un message sibyllin, en lavant son groupe de «tout scandale de corruption». «On n’a jamais reproché des affaires scabreuses comme c’est le cas aujourd’hui, aux anciens responsables du Malg qui ont occupé des postes de responsabilité dans différents gouvernements», a-t-il appuyé. Il défie quiconque de citer un nom issu du Malg, nommé à de hautes fonctions de l’Etat, qui a été accusé de corruption». Pourtant, dit-il, ils sont nombreux à occuper des hautes fonctions de l’ Etat. Il s’agit, poursuit-il, de «trois chefs de gouvernement, 20 ministres, trois commandants de Gendarmerie nationale, cinq directeurs de la Sûreté nationale et des dizaines d’autres responsables de l’ex-DRS». «Aucun de ces responsables n’a été évoqué dans une quelconque affaire de corruption», d’après lui.
Dans un message de même espèce, l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar qui nie son appartenance aux clans et aux marionnettistes», parle sans les identifier, «d’aventuriers qui veulent conduire le pays vers le désastre». Sur un ton de menace à peine voilée, et sous les oripeaux d’un patriote invétéré, il «jure de ne pas se taire lorsque l’Algérie est agressée par des voleurs et des faussaires de tous genres». Par conséquent, il a promis d’être plus prolixe pour «en dire davantage sur ce point».L’ex-ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi, que certaines rumeurs donnaient dans un rôle d’ «arbitre de la succession», semble se situer de l’autre côté de la barrière. Il a quant à lui mis en exergue la stabilité de l’ Algérie, tout en assurant que le pays ne risque pas de connaître un chaos à l’image des pays du printemps arabe». Le vice-ministre de la Défense, le général-major Gaïd Salah, a appelé à partir de Béchar où il a effectué un déplacement dimanche dernier «les ennemis de l’Algérie à ne pas franchir les lignes rouges aux couleurs du sang de nos chouhada». Pendant ce temps, le secrétaire général du FLN, comme voix autorisée, dénonce clairement «les manoeuvres d’un clan adverse en ordre de bataille, fort d’ un bras armé, médiatique et politique, qui agirait pour imposer son candidat à l’investiture suprême». D’autres voix de l’opposition de plus en plus médusée et affaiblie, s’élèvent sporadiquement pour accuser le régime «autoritaire» de vouloir imposer «unilatéralement» son choix.
De même, qu’une partie de la classe politique, met en garde contre les conséquences néfastes qui découleront de l’accaparement des centres de décision par des groupes d’intérêt ou des forces extra-constitutionnelles. Par ailleurs, l’incident de Valls, les révélations de Panama papers, et le silence les entourant, en rajoutaient une couche de crispation insondable et insoutenable. Le retour de l’ancien ministre de l’Energie et l’ajournement du remaniement gouvernemental sont d’autres faits qui n’ont pas livré leur secret.