Malgré l’instauration du système de quotas au sein des assemblées élues, consacré par la Constitution, il n’en demeure pas moins que la tâche est loin d’être facile pour la femme.
Entre le discours et la réalité, l’écart est flagrant. La voie n’est pas vraiment libérée pour elle. La femme trouve beaucoup de difficultés pour se faire une place en politique, un champ qui reste dominé par l’homme. Comme à chaque occasion du 8 Mars, la femme fait son propre constat sur son évolution au sein de la société. Présente en force dans plusieurs domaines, sa participation dans la vie politique reste néanmoins insignifiante. Malgré l’instauration du système de quotas au sein des assemblées élues, consacré dans la Constitution, il n’en demeure pas moins que la tâche est loin d’être facile pour elle. Des femmes parlementaires de différentes formations politiques l’admettent. «C’est grâce au président de la République que la femme est présente au sein des assemblées élues», a reconnu Kerkouche Samira, députée FLN.
Contactée par nos soins, cette élue d’Alger estime que les partis n’ont pas fait de cadeau à la femme pour qu’elle soit représentée au sein des institutions. «Le président de la République a instauré des lois, mais les partis politiques n’adhèrent pas à cette idée», a-t-elle encore soutenu. Pour elle, il y a un grand travail à faire pour changer les mentalités. «Il ne faut pas considérer la femme comme un décor, mais plutôt lui offrir les moyens d’exprimer ses convictions et de s’imposer sur la scène», a-t-elle insisté. Mme Kerkouche n’a pas été par quatre chemins pour dire que la femme éprouve beaucoup de difficultés pour afficher ses convictions et engager des actions au sein des partis.
«Les femmes promues aux postes de responsabilité ne sont pas forcément militantes», a-t-elle déploré en affirmant que leur présence ne sert pas beaucoup la femme.

«Malgré la présence des femmes au sein des structures de l’assemblée nous n’arrivons pas à créer une commission parlementaire de la femme, qui existe dans tous les Parlements du monde», a-t-elle cité en guise d’argument. Même son de cloche relevé par la sénatrice du tiers présidentiel, Louisa Chachoua. «La réalité est que les partis politiques ne jouent pas le jeu», a-t-elle déclaré en préambule en rappelant que c’est grâce au système des quotas que la femme est présente au niveau des assemblées. Notre interlocutrice estime que les femmes ont peur de militer au sein des partis politiques vu que l’entourage n’y est pas favorable. Preuve en est, souligne-t-elle, le nombre de femmes élues au sein des collectivités locales est insignifiant. «Il y a seulement deux femmes maires sur 1 541 communes et il n’y a pas de femme présidente de l’APW», a-t-elle déploré en précisant que les dix femmes présentes au Sénat ont été désignées par le président de la République.
Mme Chachoua pense que beaucoup reste à faire pour que la femme s’impose dans la vie politique. Fouzia Bensahnouni, députée du RND, quant à elle, se réjouit des acquis de la femme. «Les lois existent il suffit juste de les appliquer», a-t-elle insisté en précisant qu’au sein de son parti on encourage la femme à prendre des actions. «Les femmes doivent avoir des responsabilités au sein des partis pour réclamer la parité», a-t-elle jugé. Nora Kherbouche, députée du MSP, constate de son côté que le discours politique n’est pas traduit sur le terrain. «Les décisions prises et les textes de lois sont insuffisants», a-t-elle jugé. Pour elle, il ne faut pas se contenter uniquement des slogans de promotion de la femme. «L’absence des mécanismes de promotion de la femme constitue un véritable handicap», a-t-elle reconnu en précisant que la femme a un double rôle au sein de la famille. La représentante du MSP relève le manque de prise en charge en citant entre autres le manque de crèches. Ayant la charge des enfants, beaucoup de femmes renoncent à l’exercice politique.