Mais ces mouvements de redressement ne sont qu’un hors-d’oeuvre, y compris le départ de Ouyahia. Le vrai tournant sera celui du FLN.
Depuis l’ouverture démocratique en 1990, les «rebellions» organiques ont rythmé la vie des partis en Algérie. A croire qu’il y a des officines et des bureaux noirs qui n’ont d’autre tâche que de créer, dalimenter et d’encourager des actions de déstabilisation des partis.
Les mouvements de redressement sont devenus le synonyme de l’activité politique à chaque période pré ou post-électorale. Cette culture remonte à loin dans l’histoire du Mouvement nationale. Elle tire ses racines du PPA avec les Centralistes de Mustapha Lahouel d’un côté et les fidèle de Messali Hadj de l’autre. Né de cette crise, le FLN a gardé ces germes de redressement dans son hérédité. Intimement lié au régime, ce parti, contrairement à d’autres, traduit par ses mouvements de redressement les tiraillements et les courants qui animent ce même régime. Il est l’expression des antagonismes des sphères qui nichent «haut», au sommet du pouvoir. Le FLN a été le premier parti à mettre en pratique, ou plutôt à remettre au goût du jour, les mouvements de redressement. On se rappelle de la formule magique inventée alors par l’état-major de ce parti durant l’année 1996: le coup d’Etat scientifique. Opéré principalement par Abderrahmane Belayat, ce coup d’Etat avait pour but de destituer le secrétaire général de l’époque, le défunt Abdelhamid Mehri.
Ce mouvement de redressement était né pour contester la démarche de M.Mehri. Il convient de rappeler qu’ à cette époque, au milieu des années 1990, le FLN a basculé pour la première fois de son histoire dans l’opposition en s’alliant avec le FFS de Hocine Aït Ahmed. Les deux hommes avaient activement participé à la réussite de la réunion de Sant Egidio en 1995 quand a été scellée la plate-forme de Réconciliation nationale entre plusieurs forces politique du pays. L’action politique a soulevé un véritable tollé au sein du régime et des autres partis dits éradicateurs. C’était l’époque où le qualificatif de réconciliateur était banni au sein du régime.
C’était l’époque des marches spontanées contre Sant Egidio et la Réconciliation nationale. Bien plus tard, le RCD a connu des tentatives de dissension avec l’épisode de Fardjallah, Amara Benyounès mais qui ont été vite étouffées face au charisme de Saïd Sadi. Cette époque est révolue, mais pas les pratiques. Les mouvements de redressement ce sont poursuivis au sein des partis. Abdellah Djaballah en a fait les frais quand, au milieu des années 1990, il avait perdu son parti El Islah et au début des années 2000 son parti Ennahda qu’il a aussi perdu par des mouvements de redressement.
Et ce n’est pas fini pour lui, puisque même son nouveau parti couve un autre mouvement de redressement. A croire que cet islamiste a un lien sacré avec les mouvements de redressement. Il en tire d’ailleurs profit en s’octroyant le statut d’éternel victime à la manière des juifs. Au début des années 2000, le FLN, récidive avec un autre mouvement de redressement et de quelle manière! L’ex-secrétaire général Ali Benflis, qui a osé défier les calculs du régime, a été démis de ses fonctions par un terrible coup de force. Les redresseurs sont allés jusqu’à employer la justice de nuit pour destituer M. Benflis et remettre en selle Belkhadem. Depuis, le FLN ne s’en est jamais remis. Le redresseur Belkhadem est sur le point d’être redressé puisque lui aussi fait face à une terrible vague de contestation au sein de sa direction et qui dure depuis trois ans. Au moment où le vieux parti couve sa crise, les autres partis de la scène politique subissent des dissidences organiques. Le FNA de Moussa Touati a été presque laminé, le FFS divisé en deux tendances presque impossibles à réconcilier.
Le MSP de Bouguerra Soltani vole en éclats puisqu’il a accouché, en l’espace de quelques années, de deux partis: le Front du changement de Menasra et le TAJ de Amar Ghoul. Jusqu’à aboutir au départ inattendu de Ahmed Ouyahia qui a craqué face à un simple mouvement de redressement. Mais ces mouvements de redressement ne sont qu’un hors-d’oeuvre, y compris le départ de Ouyahia. Le vrai tournant sera celui du FLN.