Scénario idéal

Scénario idéal

Par Moncef Wafi,

Scénario idéal

«Créer des problèmes puis offrir des solutions », A priori, telle est, en substance, la lecture qu’on pourrait faire de cette histoire de nouveaux tarifs de délivrance des documents administratifs électroniques induits par l’avant-projet de loi de finances complémentaire 2018. Le scénario était couru d’avance et le casting en place, les Algériens ont assisté à une mise en scène cousue de fil blanc. Un Premier ministre cynique, dans le rôle du méchant, prêt à saigner le peuple jusqu’à la dernière goutte, justifiant le droit à une nationalité payante par les besoins de trésorerie de l’Etat. Le président de la République, lui, est le chevalier blanc, qui vient au secours du peuple, effaçant d’un revers de la main, ces décisions impopulaires. Offrir au chef de l’Etat cette image de sauveur, participe à cette volonté consciente de manipuler les masses dont la stratégie manifeste comprend, entre autres, la multiplication des distractions pour mieux détourner l’attention; l’appel à l’émotion plutôt qu’à la réflexion; remplacer la révolte par la culpabilité ou encore le fichage systématique des individus. Une stratégie codifiée en Algérie et soutenue par l’absence d’une réelle prise en charge consciente des enjeux ainsi que par l’inconsistance des intellectuels et de la société civile, ou du moins ce qu’il en reste. Mais au-delà de ce synopsis aussi prévisible qu’incompréhensible, on est en droit de s’interroger sur ces pratiques douteuses indignes d’un pays de droit.

En effet, que cachent ces manœuvres, mis à part de présenter Bouteflika sous ses meilleurs atours, sinon trahir le manque de clairvoyance de nos dirigeants qui continuent de tâtonner, proposant des solutions de replâtrage sur le seul dos du citoyen. Ce nouvel épisode des déconvenues de Ouyahia contribue également à discréditer un peu plus l’image, largement écornée, d’un commis d’Etat aux neuf vies.

Cette question des tarifs, qui a dû certainement consommer du temps et de l’énergie qu’on aurait pu dépenser à bon escient, s’inscrit en droite ligne des nombreux ratés enregistrés par les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays. Sinon, comment décemment expliquer ces incohérences qui se multiplient au sommet du pouvoir décisionnel, donnant l’impression que l’Algérie est gérée par à-coups, plongée dans la réaction à défaut de l’action réfléchie. L’autre piste de réflexion propose une mobilisation citoyenne forte qui aurait fait fléchir le gouvernement et fait des « fuites organisées » un ballon de sonde lâché pour jauger de l’accueil populaire de cette décision de taxer la citoyenneté. Enfin, il n’est pas encore interdit de rêver.