De nombreuses interrogations demeurent
Juste après son placement sous contrôle judiciaire, l’ancien P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, a été vite remplacé par un intérimaire.
Alors que la presse a fait ses choux gras du scandale de corruption à Sonelgaz, le parquet général observe un silence assourdissant.
Nombreuses sont les interrogations sur la communication des instances judiciaires. De même, dans un climat marqué par une série de scandales politico-financiers, les grosses affaires de corruption touchant les plus importants groupes et sociétés algériens, sont entourées d’un black-out total. Le groupe Sonelgaz, directement concerné par la dernière affaire, n’a pas encore réagi, au même titre d’ailleurs que la justice. Même si sur le plan juridique la mise sous contrôle judiciaire, n’empêche pas le mis en cause de continuer à exercer ses fonctions, en revanche, sur le plan formel, «cela relève d’une première en Algérie car souvent les inculpés dans ce genre de scandales sont systématiquement relevés de leur poste», indique un spécialiste en la matière. Or, selon une source très au fait de cette affaire, «le responsable du groupe Sonelgaz exerce toujours ses fonctions». Cela est d’autant invraisemblable, que le placement sous contrôle de l’ancien P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, a été vite suivi par son limogeage de ses fonctions et son remplacement par un intérimaire, le vice-président pour les activités «aval» de Sonatrach, Abdelhafid Feghouli. Par ailleurs, le taux de criminalité financière ne cesse de monter alors que «la justice est loin d’être indépendante», affirme la majorité des spécialistes. Tandis que la surmédiatisation des scandales bat son plein, l’information officielle est distillée à doses homéopathiques, voire pas du tout. Il a fallu attendre plus de quatre mois après la révélation du scandale de Sonatrach avant que Chakib Khelil ne perde, en mai 2010, son poste de ministre de l’Énergie. La justice se doit d’éclairer l’opinion fortement marquée par les révélations de ces derniers mois. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis sa révélation par des médias italiens, avant de voir le procureur général près la cour d’Alger rendre public un communiqué sur l’affaire dite Sonatrach II prolongement de l’affaire Sonatrach I. Le parquet général près la cour d’Alger, du reste prompt à réagir en d’autres circonstances, n’a daigné apporter des éclaircissements que tardivement. Cela s’est produit alors que les faits en relation avec l’information judiciaire déjà ouverte auprès du pôle pénal spécialisé de Sidi M’hamed dans le cadre de ladite affaire, ont été révélés par certains quotidiens nationaux et étrangers. La cour d’Alger a précisé dans son communiqué, que si l’identité des personnalités algériennes, ministre ou cadres de Sonatrach, visées dans cette affaire, a été clairement portée à la connaissance de l’opinion publique par les organes d’information nationaux et étrangers, la loi algérienne n’autorise pas l’autorité judiciaire à le faire avant leur inculpation officielle. Depuis, il faut le dire, l’instruction piétine. L’information selon laquelle l’actuel et l’ex-P-DG et plusieurs cadres de Sonelgaz sont poursuivis dans une affaire de surcoût, a été confirmée par le ministre de l’Energie et des Mines lors de son passage à Constantine. Ainsi, Sonatrach et Sonelgaz, deux géants aux pieds d’argile se révèlent, en fin de compte, des nids de corruption et détournement de l’argent de la rente. L’actuel P-DG de Sonelgaz, Nouredine Bouterfa, son prédécesseur, Abdelkrim Boughanem, un ex-responsable de la distribution et 15 autres cadres du groupe, inculpés par la justice, devront «assumer leurs responsabilités», a affirmé, lundi 17 juin à Constantine, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, rapporte l’agence APS. Dimanche dernier, le quotidien Echourouk avait rapporté que le P-DG et un ex-P-DG de Sonelgaz ont été placés sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’enquête sur les contrats conclus avec le groupe canadien SNC-Lavalin. Les cadres de Sonelgaz inculpés par la justice sont, en fait, poursuivis dans une affaire de surcoût dans la réalisation et l’acquisition de deux centrales électriques de Koudiet Edraouech (El Tarf) et Terga (Aïn Témouchent) pour les chefs d’inculpation «de violation des dispositions du Code des marchés publics» et la loi sur la corruption.