Le tribunal d’El Harrach, à Alger, a rendu ce lundi son verdict dans une affaire qui a enflammé les réseaux sociaux. Un jeune homme de 28 ans, identifié sous les initiales H. Mehdi, a été condamné à un an de prison ferme et à une amende de 100 000 dinars pour usurpation de fonction et diffusion de fausses informations. Sa collègue, D. Zineb, âgée de 22 ans, a écopé de deux mois de prison avec sursis pour complicité.
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Les faits remontent à quelques jours lorsqu’une vidéo, largement partagée en ligne, montrait un individu apparaissant sous l’apparence d’une femme. Grâce à un filtre, il se présentait comme procureur de la République près du tribunal d’El Harrach. Dans un ton moqueur, il lançait un avertissement aux trafiquants de drogue et aux porteurs d’armes blanches, promettant des peines allant de 10 à 30 ans de prison. Il allait jusqu’à affirmer, sur un ton sarcastique, qu’il tatouerait une palme dans le dos des délinquants armés avant leur libération.
De la blague au tribunal : un filtre féminin mène un jeune homme droit en prison
La séquence a rapidement suscité un tollé. Les internautes et plusieurs juristes ont dénoncé une atteinte grave à l’image de la justice et une usurpation de titre réglementé. Alertées, les autorités ont ouvert une enquête sous la supervision du parquet d’El Harrach. Les investigations ont permis d’identifier l’auteur : il s’agissait en réalité de H. Mehdi, employé dans une usine de fabrication de diouls, qui avait été filmé par une collègue, D. Zineb, lors d’une pause.
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Présentés en comparution immédiate, les deux prévenus ont reconnu les faits mais ont minimisé leur portée. Le principal accusé a expliqué qu’il s’agissait d’un simple sketch inspiré de la série humoristique « Nass Mlah City », et qu’il n’avait jamais eu l’intention d’insulter la magistrature. Il a plaidé la méconnaissance de la loi et présenté ses excuses. Sa collègue a pour sa part affirmé qu’elle ignorait que la vidéo serait diffusée sur internet.
Un faux magistrat piégé par son propre sketch
Le ministère public avait requis cinq ans de prison ferme et 500 000 dinars d’amende contre le jeune homme, ainsi que trois ans ferme et 300 000 dinars d’amende contre sa collègue. Le tribunal a finalement retenu des peines plus légères, condamnant H. Mehdi à une année ferme avec dépôt immédiat et sanctionnant D. Zineb de deux mois avec sursis.
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L’affaire illustre la sensibilité des institutions face aux atteintes à leur image sur les réseaux sociaux. Elle rappelle également que les plaisanteries en ligne, lorsqu’elles touchent à des professions protégées, peuvent rapidement prendre une tournure judiciaire.