Ls choses semblent s’accélérer ces dernières heures
Nous apprenons de source sûre, qu’un groupe d’enquêteurs composé de magistrats et d’experts rompus aux affaires de corruption se déplaceront à partir d’aujourd’hui en Italie, aux Emirats et en Suisse.
Une affaire de corruption en cache une autre en Algérie. Chaque jour, des scandales éclatent, faisant les grandes manchettes des journaux.
Depuis l’affaire Khalifa, les Algériens n’ont jamais connu de répit dans la découverte des affaires de corruption. Aucun secteur n’est épargné. Des centaines de milliers de dollars et parfois des millions sont détournés par des responsables indélicats des sociétés publiques censés veiller à la protection des deniers publics. «Lutte contre la corruption», est alors devenu un leitmotiv. Pour l’Etat, il est question de traquer les corrompus qui défilent sur les unes des journaux. Ne pouvant plus «voiler le soleil avec un tamis», les autorités n’ont d’autre choix que de prendre à bras-le-corps un dossier qui engage la crédibilité du pays.
Même le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, a refusé de «passer sous silence» l’affaire. Après l’annonce de commissions rogatoires en Suisse, aux Emirats et en Italie, les choses semblent s’accélérer ces dernières heures, puisque nous apprenons de source sûre, qu’un groupe d’enquêteurs composé de magistrats et d’experts rompus aux affaires de corruption se déplaceront à partir d’aujourd’hui dans les trois pays concernés par l’affaire Sonatrach 2. Selon la même source, les autorités judiciaires des pays concernés ont montré une «disponibilité totale» à coopérer avec la justice algérienne. La première étape de l’enquête sera l’Italie.
Hasard du calendrier, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, effectue, à partir d’aujourd’hui, une visite de travail de trois jours aux Emirats arabes unis à la tête d’une importante délégation, à l’invitation du général de corps d’armée, Cheikh Saif Bin Zayed Al-Nahyane, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur des Emirats arabes unis. Cette escale intervient à trois jours de la tenue, les 13 et 14 mars, de la 30e session du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur à Riyadh.
Maître Farouk Ksentini, président de la Commission nationale de protection et de promotion des droits de l’homme a déclaré récemment, que «la faiblesse de la justice est due à l’incapacité des magistrats à s’autosaisir des dossiers de corruption». Djillali Hadjadj avait déclaré, fin 2012: «La Cour des comptes est aux abonnés absents depuis de très longues années. Elle est devenue inefficace, inutile et budgétivore. L’Inspection générale des finances (IGF) est repliée sur elle-même, ne fonctionnant qu’aux ordres et ne produisant pas grand-chose. L’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption, créé en 2006, installé en 2010, se distingue surtout par son silence. Quant à l’Office central de répression de la corruption, créé en 2011, il faut encore attendre quelque temps pour savoir à quoi il va servir.»
Aujourd’hui, c’est souvent la presse internationale et rarement locale qui divulgue, dès que possible, quelques grosses affaires de corruption. La corruption est devenu une langue nationale et officielle. Pots-de-vin, influence, violation de la loi, sont des agissements institutionnalisés en Algérie.
Plusieurs affaires impliquent les ministres, leurs proches, les directeurs de société, les présidents des commissions des marchés à tous les niveaux… malheureusement, la justice algérienne reste sourde. Après l’autoroute Est-Ouest et Sonatrach, les services de sécurité enquêtent dans le secteur du logement.
Les enquêteurs, selon la même source, s’intéressent particulièrement à la spéculation dans le secteur du foncier et aux conditions de réalisation de logements dans le cadre du précédent plan quinquennal du chef de l’Etat. L’Etat annonce l’activation des institutions de contrôle, comme la Cour des comptes ou l’IGF ou la dernière en date, l’Office central de répression de la corruption (Ocrc).