D’importantes quantités de vaccins anti scorpioniques ont été commercialisées fin juillet 2011 par l’Institut Pasteur bien que des tests de laboratoire aient prouvé la non-validité du vaccin, selon des révélations du quotidien El Khabar dans son édition de lundi 8 août. Ce vaccin qui contient des niveaux élevés de salinité peut provoquer de graves complications sur la santé des malades, ajoute le même quotidien.
La première livraison dudit vaccin, enregistré sous le numéro de série 4827, commercialisé fin juillet, « n’étaient pas conformes aux normes de qualité », selon le certificat du laboratoire de contrôle de la qualité de l’Institut Pasteur.
Sur le même vaccin analysé était apposée la motion : « non-conforme ». La seconde livraison, enregistrée sous le numéro de série 4828, est également déclarée : « non-conforme » d’autant plus que des tests de laboratoire ont révélé que le vaccin ne peut être utilisé par les malades.
Par conséquent, le responsable du laboratoire de contrôle au niveau de l’Institut Pasteur a refusé de délivrer le visa de commercialisation puisque ce vaccin contenait un niveau trop élevé de salinité et risque de provoquer des graves complications sur l’état de santé des malades, précise le journal.
Erreur lors du processus de production
Produites en mai dernier, ces deux livraisons du vaccin ont été déposées au niveau du laboratoire de contrôle de l’Institut le 22 mai. Une erreur commise lors du processus de production serait à l’origine de la non-validité du vaccin en question, croit savoir le quotidien.
Toutefois, les travailleurs et autres responsables du laboratoire de contrôle ont été choqués de découvrir une instruction signée par le directeur de l’Institut Pasteur, portant décision de commercialiser les deux quantités du vaccin en dépit des résultats des tests de contrôle.
C’est ainsi que des quantités de ce vaccin ont atterri fin juillet sur le marché, particulièrement au niveau des régions du sud du pays, les plus durement touchées par les morsures de scorpions.
« S’il y avait au moins une seconde série de contrôle qui prouverait peu être la validité du vaccin, il n y aurait pas de problème. Sauf que l’instruction signée par le directeur ne fait pas référence à aucun contrôle pour la seconde fois ce qui suggère que la décision à l’improviste ne repose sur aucune donnée scientifique », racontent des sources anonymes, cité par El Khabar.
Des sources internes à l’Institut ont déploré que l’administration ait dépassé outre mesure les prérogatives du laboratoire de contrôle.
L’institut Pasteur ne répond pas
Nous avons tenté à maintes reprises de contacter l’Institut Pasteur afin d’obtenir sa version des faits, toutefois aucun responsable n’est joignable aux numéros de téléphone mis en place par cet établissement.
Plus d’un millier de personnes ont été piquées par des scorpions, dont deux enfants qui sont décédés, durant les sept premiers mois de l’année 2011 en Algérie, dans la région saharienne de Ouargla, à plus de 800 km au sud d’Alger. En tout, depuis le début de l’année, ce sont 1.014 personnes qui ont été piquées par ce type arthropode de la classe des arachnides.
On dénombre en moyenne 25 000 à 50 000 piqûres par an et un peu moins d’une centaine de décès par an selon des sources médicales.
L’institut Pasteur dément
Le sérum antiscorpionique commercialisé par l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) « ne présente aucun danger pour la santé publique », a assuré lundi la direction générale de cet organisme dans un communiqué transmis à l’APS.
L’IPA, qui répondait à un article de presse mettant en cause l’intégrité de ce produit, précise aussi qu’il s’agit d’un sérum, et non d’un « vaccin » comme indiqué dans l’article incriminé, et assure de son « efficacité » dans la mesure où, signale-t-il, « la matière active ainsi que les autres caractéristiques de ce sérum répondent aux règles de bonnes pratiques de fabrication ».
« Les lots cités dans cet article ont présenté un paramètre légèrement supérieur par rapport aux spécifications internes de production mais n’exposent en aucun cas les utilisateurs de ce produit à un quelconque danger, précise encore la direction de l’Institut Pasteur.