Scandale du Bac : L’Etat veut sauver sa crédibilité

Scandale du Bac : L’Etat veut sauver sa crédibilité

Le lancement des enquêtes approfondies pour débusquer les auteurs des fuites des sujets du baccalauréat, traduit la volonté de l’Etat de laver l’affront que lui ont fait subir des fonctionnaires indélicats. Cette scandaleuse affaire de la triche qui a défrayé la chronique nationale depuis une semaine et qui aura discrédité cet examen prestigieux mais aussi porté atteinte aux institutions de l’Etat à fait très mal.

Il est vrai que rares sont les pays qui peuvent se targuer d’être hermétiques à ce genre de triche. Le fait est que des scandales similaires viennent d’éclater au Maroc et en Egypte notamment. Mais s’agissant de l’Algérie, c’est la première fois que le phénomène de la fraude massive prend une telle ampleur. C’est la première fois aussi que des fonctionnaires et des enseignants censés êtres en quarantaine, se chargent eux même d’ébruiter à grande échelle- sur Facebook- de nombreux sujets.

Au total, le ministère de l’Education est forcé de refaire l’examen pour presque 50% des élèves ; ce qui est en soi énorme qui, plus est, en plein mois sacré du Ramadhan. C’est dire à quel point l’affaire a fait mal.

Cela dit, à quelque chose malheur est bon. L’Etat vient maintenant de découvrir ses tares et ses couloirs dans le dispositif de surveillance du Bac. Ces «fuites» vont lui permettre de colmater les brèches et affiner la stratégie visant à rendre la fraude au Bac quasiment impossible.

A l’assaut des fraudeurs !

Dans le même temps, les pouvoirs publics doivent faire preuve de beaucoup de rigueur et de sérieux dans la recherche de ceux qui ont corrompu gravement cet examen. On a appris aujourd’hui jeudi que quatre personnes, travaillant à l’Office national des examens et concours (ONEC), ont été arrêtées et présentées, devant le procureur de la République du tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Les quatre personnes ont été placées sous mandat de dépôt par le juge d’instruction.

Cela montre et démontre cette volonté de l’Etat à frapper fort et infliger un châtiment exemplaire aux fauteurs…des troubles. Il est heureux de constater que l’enquête, sur les fuites des sujets du Baccalauréat, progresse rapidement. Le parquet de la République du tribunal de Sidi M’hamed a demandé l’ouverture d’une information judiciaire contre les quatre mis en cause pour notamment, «mauvaise utilisation de la fonction» et «violation de secrets», a précisé Khaled El Bey, procureur de la République du tribunal de Sidi M’hamed lors d’un point de presse.

Dans son intervention devant la presse, le procureur de la République est revenu sur l’enquête judiciaire qui se poursuit toujours en précisant que les premières investigations ont eu lieu au centre d’impression de l’une des directions de l’ONEC située à Kouba. Elles ont montré que «certains membres de la commission de lecture et de correction (des sujets du bac, NDLR) ont commis des infractions par rapport aux dispositions prévues pour sécuriser les sujets» précise le procureur qui cite l’interdiction d’avoir un appareil électronique durant la durée de leur présence dans le centre.

Affiner le dispositif

Des expertises électroniques et techniques ont été menées sur les outils saisis dont un «ordinateur portable», un «appareil à photo» et «deux disques durs dont un de 500 Go» qui étaient en possession de ces membres de la commission de lecture et de correction des sujets en contradiction avec le règlement interne. «Des extraits des caméras de surveillance à l’intérieur de l’atelier d’impression et à l’extérieur du centre ont montré des mouvements suspects».

Ce qui a été confirmée par les témoins, selon le procureur, ajoutant que c’est sur la base de ces investigations et ces expertises que les quatre personnes ont été arrêtées. Il y a donc clairement une volonté de faire sortir les sujets avant l’heure puisque les soi-disant surveillants étaient équipés de leur matériel informatique. Une association malfaiteurs qui a hélas réussi à discréditer un examen national et bousillé les efforts de millions d’élèves qui seront contraints de repasser leur Bac même s’ils ont rendu une belles copie. Mais pour l’Etat, il s’agit là d’une épreuve grandeur nature dont il doit tirer toutes les leçons.