Scandale de sonatrach : Quand la manne financière algérienne est en jeu

Scandale de sonatrach : Quand la manne financière algérienne est en jeu

Aujourd’hui, aucun pays au monde n’est entièrement exempt de la corruption.

Un phénomène qui prend des proportions telles, qu’elles risquent d’entraver toute volonté d’instaurer une bonne gouvernance. Menaçant toutes démarches d’un développement économique durable et d’un processus démocratique réel, la corruption est devenue actuellement une pratique sociale usée à toutes les échelles.

L’Algérie n’est pas autant épargnée par ce fléau. Elle occupe, depuis des lustres, les premiers rangs des classements internationaux.

Les scandales qui s’éclatent de jour en jour sur les Unes de la presse sont indubitablement des indicateurs plus que tangibles de l’ancrage de ce fléau dans notre société. Après l’affaire Khalifa, tout le monde s’attend à une atténuation de la corruption : les pouvoirs publics ont affiché une volonté sans précédente de lutter contre cette pratique.

Plusieurs institutions ont été créées à cet effet. Des batteries de mesures ont été mises en place. Mais visiblement, la lutte contre la corruption n’a jamais était une question de loi ou de dispositif, il s’agit d’une mentalité qui faut éradiquer à tout prix dans les pratiques sociales des citoyens.

Le scandale qui secoue, à l’heure actuelle, Sonatrach, supposée être la société la plus transparente, la plus fiable et la plus loyale en Algérie, au vu des recettes en devises qu’elle génère et sa réputation internationale, démontre parfaitement que là où il y a de l’argent qui coule à flot, le pillage surgit.

Il faut dire, dans ce sillage, que notre compagnie des hydrocarbures a été toujours considérée, non seulement comme une la principale manne financière de revenus du pays, mais aussi un grenier à sous guetté par des « bras longs » sans aucune retenue.

Absence de transparence, la multiplication des passe-droits, du gré à gré, ainsi que le favoritisme dans l’attribution de contrats et la dilapidation de l’argent sont des pratiques qui n’ont jamais cessé de s’agripper aux centres décisionnels de Sonatrach.

À cet effet, on tient à rappeler qu’en 2006, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a chargé l’Inspection générale des finances (IGF) d’enquêter sur les marchés conclus par Sonatrach et le bureau d’études l’américain BRC. Au total, quarante et un marchés de gré à gré ont été conclus avec BRC, pour un montant total de 185,7 milliards de dinars (2,1 milliards d’euros). Dont vingt-sept ont été conclus avec Sonatrach.

En 2008, plusieurs hauts cadres du groupe, exerçant principalement dans les raffineries de Baraki, Mahalma, Skikda et Arzew ont été soupçonnés d’avoir conclu des marchés contraires à la réglementation, pour le compte de plusieurs filiales du groupe Sonatrach, avec l’entreprise française «John Crane».

Un préjudice estimé à plusieurs centaines de millions de dollars, sinon quelque milliards. Les exemples sont multiples et les conséquences ne sont plus à cacher : des millions de dollars sont malhonnêtement évaporés.

À cela s’ajoute également le recours abusif de Sonatrach à des soustraitants étrangers avec des contrats douteux. Elle dépense plus de 4 milliards de dollars par an en importation de pièces de toutes sortes sans jamais faire appel à la production locale, ce qui est bien évidemment regrettable.

Avanthier, Chakib Khelil, s’est montré rassurant quant à l’impact de la dernière affaire secouant Sonatrach au plan international. Sauf que nul ne pourrait nier que ce genre de perturbations au sein d’une compagnie de la trempe de Sonatrach ne serait d’une mauvaise répercussion sur l’économie d’un État qui ne respire que grâce à cette même compagnie. C’est la principale manne financière algérienne qui est en jeu.

Hamid Mohandi