« Je suis abasourdi par le nombre d’Algériens impliqués dans cette affaire. Il s’agit, probablement d’importateurs qui procèdent à la surfacturation. L’argent amassé grâce à la surfacturation est placé dans des comptes à l’étranger ».
Par Hassane Zerrouky
Ce propos de Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’Homme (CNCPPDH) sur les révélations du journal Le Monde, laisse dubitatif plus d’un Algérien, même le moins averti. Est-ce seulement les importateurs qui se livreraient à des malversations ?
Dans une Algérie où la corruption et les scandales (Sonatrach, affaire BRC, Autoroute est-ouest, etc…) sont connus de tous, ce n’est pas le nombre d’Algériens impliqués (440 détenant des avoirs estimés à 671 millions d’euros) dans cette affaire qui surprend : c’est que les révélations du quotidien français Le Monde ne couvrent que la période allant de 1970 à 2006. Or, entre 2007 et 2014, avec le gonflement de la rente pétrolière, ces comptes bancaires (et leurs montants) ont dûgonfler et le nombre de « clients » algériens a sans doute augmenté.
La publication des noms des Algériens détenteurs de ces comptes risque d’embarasser plus d’un en Algérie. Car comme l’ont fait observer les journalistes du Monde et de nombreux commentateurs avisés, ces révélations ne sont que la face cachée de l’iceberg. Aussi, rien ne sert comme le font certains en Algérie de minimiser les faits relatés par l’enquête du Monde et d’une soixantaine de médias concernant la partie algérienne en mettant en avant d’une part que l’Algérie n’arrive qu’en 55 eme position et que la plupart des détenteurs ne sont plus Algériens. Et, pour clore ce point, le fait que le roi du Maroc figure parmi les « clients » de la banque suisse ne doit pas faire diversion.
La seule chose dont on est certain est que les journalistes du Monde ne seront pas poursuivis pour diffamation comme ce fut le cas du Matin (mais aussi d’autres confrères poursuivis à l’époque pour diffamation) quand il avait révélé certaines affaires lui ayant valu une série de procès avec à la clé la fermeture du journal. Car cette affaire ne va pas rester en l’état et sans conséquences. Elle aura certainement des prolongements. Les mis en cause n’accepteront pas un statut de boucs émissaires. Les langues vont se délier. La question est de savoir comment vont réagir les autorités politiques quand seront divulgués les noms des détenteurs de comptes suisses et comment elles vont s’y prendre pour tenter de désamorcer ce nouveau scandale.
H. Z.