Une rencontre médiatique pour le moins inédite a eu lieu hier soir au siège de l’ancien parti unique dans le quartier cossu de Hydra. En vue des préparatifs des élections locales, le leader de ce parti, Abdelaziz Belkhadem, a voulu initier une opération de séduction envers les jeunes des quartiers de la capitale.
Ces derniers ont répondu nombreux à son appel, si bien que le siège était noir de monde. Jusque-là, rien d’anormal. Sauf que la grande majorité des jeunes qui étaient présents ce vendredi soir n’avaient rien d’étudiants, comme cela avait été indiqué dans le communiqué du parti artificiellement majoritaire au Parlement. Beaucoup de ces énergumènes ne dépassaient pas la vingtaine ; un tout-venant de jeunes de quartiers divers, au niveau d’instruction très limité – une nouvelle doctrine au FLN ? –, lesquels ignoraient complètement pourquoi ils se trouvaient là. Leur a-t-on promis une récompense ? Les organisateurs de cette sortie ratée du parti de l’inamovible Belkhadem ont eu tout le mal du monde à maîtriser ces invités très spéciaux dont le comportement discourtois voire agressif faisait qu’ils ressemblaient, par moments, à des gangs en furie. Le «très sage» chef du FLN est-il derrière cette mascarade ou s’est-il encore une fois fait piéger par une aile du parti qui veut à tout prix le discréditer ? Le FLN qui se targue de compter dans ses rangs des gens de qualité serait-il en situation de pénurie de cadres et de militants honorables qui pourraient remplir – dans les limites permises par le niveau général de la classe politique algérienne – la délicate mission des préparatifs pour les prochaines échéances locales ? Voulait-il faire peur à ses adversaires en rameutant une cohorte de galapiats sortis tout droit d’un film d’épouvante ? Mission réussie en partie, en tout cas, puisque les journalistes – femmes surtout – en sont sorties traumatisées.
Mohamed El-Ghazi