Scandale à l’hôtel El Aurassi : Des employés dénoncent des pratiques délictueuses

Scandale à l’hôtel El Aurassi : Des employés dénoncent des pratiques délictueuses

Une quarantaine d’employés de l’hôtel El Aurassi ont observé dans la matinée du mercredi 13 avril un sit-in pour protester contre des conditions de travail jugées indignes. La Direction générale de l’établissement rejette les accusations et promet des sanctions disciplinaires contres les protestataires.

Quelques dizaines d’employés, en majorité des femmes, ont observé un sit-dans la matinée du mercredi 13 avril à l’intérieur de l’hôtel El Aurassi, sur les hauteurs d’Alger.

Les protestataires qui relèvent de plusieurs services de prestigieux hôtel tels que l’hébergement, la restauration, la réception, le jardinage, dénoncent des pratiques délictueuses.

Une femme de chambre rencontrée sur place par une journaliste de DNA dénonce « la maltraitance et le harcèlement professionnel et sexuel» au sein de cet établissement.

Se joignant à sa collègue, une autre employée fait état de plusieurs licenciements. « Ils ont déjà licencié quatre employés parce qu’ils ont osé réclamer leurs droits ! Cet établissement est de statut étatique et non privé. Alors pourquoi nous surexploitent-ils ?!», s’interroge cette dame qui n’a pas souhaité divulgué son identité de peur de représailles.

Une autre voix s’élève, celle d’une restauratrice. Celle-ci dénonce les menaces de renvoi de la part des responsables de l’hôtel en cas de poursuite de leur mouvement de protestation.

Pis encore, elle déplore l’interdiction des heures de l’allaitement. « On n’a même pas le droit de tomber enceinte et d prendre soins de nos bébés ! On ne nous permet pas d’arriver en retard, par contre on nous libère toujours en retard ! », s’écrie-t-elle.

Par ailleurs, ces manifestantes évoquent des pratiques « étranges » de la part de certaines entreprises prestatrices de service pour le compte de l’hôtel qui se serviraient du personnel de l’Aurassi pour des travaux effectués en dehors de l’établissement.

Selon ces plaignantes, ces clients, notamment des sociétés étrangères basées à Alger, « les emmènent travailler chez eux sans qu’elles ne soient rémunérées ». De la sous-traitance du personnel pour le compte de particuliers ?

Le Président Directeur Général de l’Aurassi, Abdelkader Lamri, rejette les accusations de mauvaise gestion ou de mépris à l’égard de ses employés.

Rencontré dans son bureau, M Lamri affirme « qu’aucun employé n’a été renvoyé ». Il précise toutefois qu’un seul élément a été suspendu pour « faute professionnelle».

Le directeur de l’hôtel explique que « les augmentations des salaires ont toujours été appliquées. La dernière augmentation de 10% date du janvier 2010 ».

« Notre entreprise va très bien avec une moyenne de bénéfice de 80 000 DA qu’elle distribue à ses employés chaque année. Nous avons également 25 million DA de salaires pour 1,6 millions DA de recettes», ajoute-t-il.

Devant de telles performances, le premier responsable de cet établissement public se dit ainsi «étonné de ce comportement d’une quarantaine d’employés sur 680 que compte l’effectif de l’hôtel. »

Aussi, le patron de l’hôtel promet des sanctions contre les protestataires. « L’entreprise prendra des mesures par le biais de la commission disciplinaire contre ceux qui refusent de travailler», promet M. Lamri.

L’hôtel El Aurassi, classé cinq étoiles, a été construit en 1975. L’établissement est fermé depuis janvier 2010 en raison de travaux de réhabilitation, confiés à une société turque pour un montant de 56 millions d’euros.