Sawiris veut torpiller les négociations Algérie-Vimpelcom

Sawiris veut torpiller les négociations Algérie-Vimpelcom

Un accord gouvernement algérien-Vimpelcom interviendrait fin novembre. Pour Alger, l’annonce de Sawiris est un non-événement.



Deux ans après le lancement par le gouvernement algérien de la procédure d’acquisition de Djezzy, et alors que les négociations seraient sur le point d’aboutir avec le groupe russo-norvégien, Vimpelcom, voilà que Naguib Sawiris, ex-patron de l’ex-Orascom Télécom Algérie (OTA), refait surface. Dans un entretien au quotidien français Le Figaro, le milliardaire égyptien a annoncé sa décision d’intenter une procédure d’arbitrage international tout en exigeant

5 milliards de dollars de dommages à l’Algérie.

“Peu importe le temps que cela prendra, j’en fais une question de principe”, a déclaré Naguib Sawiris. Si le recours à l’arbitrage international avait été déjà évoqué, en novembre 2010, par le groupe Orascom Télécom Holding pour régler son différend avec Alger, il n’en reste pas moins que l’accord qu’il a signé en mars 2011 portant sur la vente de 51,7% de ses actions à Vimpelcom a changé la donne. Naguib Sawiris devient alors actionnaire du groupe qu’il dirigeait et arrache une participation de 20% dans Vimpelcom.

Jusque-là, le milliardaire égyptien, qui n’a jamais accepté de quitter l’entreprise Djezzy que lui-même reconnaît être la “poule aux œufs d’or” qui a hissé OTH vers le haut du pavé des groupes les plus performants, a souvent menacé de recourir aux instances internationales compétentes pour “recouvrer ses droits”, mais sans passer à l’acte. “Le gouvernement nous reproche d’avoir acheté la licence à 737 millions de dollars et d’avoir ensuite gagné beaucoup d’argent, environ 800 millions de dollars par an”, a-t-il ajouté. “Mais à l’époque, c’était la guerre, personne ne voulait investir. J’étais le seul. Tout le monde me disait que j’étais fou”, relate l’homme d’affaires égyptien. “Par pure jalousie, et pour des considérations politiques, le gouvernement algérien m’a fait perdre beaucoup. Ils m’ont empêché d’importer les marchandises dont j’avais besoin pour la société, interdit de rapatrier mes dividendes et de faire de la publicité sur les télévisions publiques ; ils ont puni les banques qui me finançaient”, a encore dit Sawiris en estimant que son groupe a “investi en Algérie 5 milliards de dollars en infrastructures, versé des milliards de dollars de taxes et créé

24 000 emplois”. Du déjà entendu, sauf que le milliardaire égyptien n’évoque pas toutes les facilités, voire des largesses dont il a bénéficié à l’époque pour s’installer. Alors une question : pourquoi Naguib Sawiris veut-il relancer l’idée de la procédure d’arbitrage après avoir revendu ses parts à Vimpelcom en septembre dernier pour la somme de 3,5 milliards d’euros ? Pour le ministre des Finances, Karim Djoudi, l’annonce de Sawiris ne constitue pas en fait une nouvelle démarche “puisqu’elle date de près d’une année”. Et de préciser qu’en “matière commerciale, lorsqu’il n’y a pas d’accord sur une décision, les opérateurs ont la possibilité d’engager des demandes d’arbitrage”. Selon une source proche du dossier, la décision de Sawiris n’a aucune chance d’aboutir puisqu’il n’est plus actionnaire dans Djezzy ni dans Vimpelcom. “En tant qu’actionnaire dans Vimpelcom, Sawiris pouvait réussir à bloquer tout processus de rachat de Djezzy mais pas maintenant”, a expliqué cette source qui précise, par ailleurs, que la conclusion d’un accord entre le gouvernement et Vimpelcom serait proche. Il interviendrait très probablement vers la fin du mois de novembre. Selon les termes de cet accord qui est encore en discussion, l’État détiendra 51% des parts et les 49% restants seront répartis entre le groupe russo-norvégien (45,5%) et Cevital à hauteur de 3,5%. Wait and see.

S T