Alors que les relations restent tendues entre l’État algérien et l’opérateur mobile Djezzy, propriété d’OTA, elle-même filiale du russe Vimpelcom, le retrait total de l’homme d’affaires égyptien Naguib Sawiris du capital de Vimpelcom pourrait aider à débloquer la situation.
Les télécoms sont un monde complexe. En 2010, le groupe russe Vimpelcom, coté à New York, annonçait avoir acheté 51,7 % d’Orascom Telecom (OTH) et 100 % de l’opérateur italien Wind, propriétés de Naguib Sawiris, un homme d’affaires égyptien. Évaluée à 4,8 milliards d’euros, la transaction incluait un chèque de 1,3 milliard d’euros et une prise de participation de l’industriel égyptien de 20 % dans le géant russe. Depuis, l’égyptien jouait les arbitres entre les deux actionnaires principaux de Vimpelcom, Altimo, propriété du milliardaire russe Mikail Fridman, et Telenor, un opérateur norvégien.
Mais, depuis quelques temps, Altimo et Telenor ont augmenté leurs parts dans Vimpelcom en rachetant les actions de Naguib Sawiris. Ce mois-ci, le magnat égyptien est sorti totalement du capital de Vimpelcom, un retrait qui suit de près la revente à France Télécom Orange de la quasi-totalité des parts qu’il détenait encore dans Mobinil, l’un des principaux opérateurs égyptiens. Certains analystes supposent que Naguib Sawiris se retire des affaires à cause de l’arrivée des islamistes au pouvoir en Égypte. De fait, en matière de télécoms, il ne possède plus que deux participations dans des opérateurs, en Corée du Nord et au Liban (via Orascom TMT).
Un départ qui pourait arranger Djezzy
Cela importe pour l’Algérie, car Djezzy, la marque commerciale de Orascom Telecom Algérie (OTA), est contrôlé par Vimpelcom. Le premier opérateur mobile du pays est en effet en conflit avec l’État algérien depuis plusieurs années, un conflit qui doit beaucoup à la personnalité (et à la nationalité) de Naguib Sawiris. Ses propos sur l’Algérie et ses dirigeants sur la chaîne Al Jazeera (il avait comparé le régime algérien aux régimes tunisien, égyptien et libyen) n’ont fait qu’amplifier la défiance du gouvernement à l’égard de l’entrepreneur égyptien. Alger a ainsi plusieurs fois menacé de nationaliser l’opérateur en faisant jouer son droit de préemption (la fameuse règle du 51/49) sans jamais passer à l’acte. Une procédure d’abitrage internationale est actuellement en cours. Djezzy a aussi été accusé de fraude fiscale et condamné à payer une amende de 975 millions d’euros pas plus tard qu’en mai dernier.