Le patron d’Orascom Telecom Holding (OTH), l’Egyptien Naguib Sawiris, met en avant un ensemble d’arguments en sa faveur dans le conflit financier l’opposant aux autorités algériennes concernant la gestion du «dossier Djezzy».
le patron d’OTH aurait adressé un courrier au Premier ministre Ahmed Ouyahia dans lequel il conteste «tout droit au gouvernement algérien de le forcer à vendre Djezzy». Le droit de préemption dont se prévaut le gouvernement algérien dans le traitement du dossier Djezzy est aussi remis en cause par le patron d’OTH.
En évoquant ce droit, Naguib Sawaris a lié celui-ci au projet de vente de Djezzy à l’opérateur sud-africain MTN qui avait l’intention, vite abandonnée, d’acquérir des actions de la filiale de téléphonie mobile en proposant une offre de 7,8 milliards de dollars.
Sawiris a tenté une explication juridique en affirmant que le droit de préemption de l’Etat algérien aurait uniquement pu être exercé à un prix supérieur de 10% à l’offre du MTN d’un montant de 7,8 milliards de dollars. Or, entre Djezzy et MTN, il n’y a jamais eu de transaction proprement dite qui eut été accomplie entre ces deux compagnies de téléphonie mobile.
La question se pose quant à savoir pourquoi Naguib Sawiris a préféré évoquer le montant de l’offre octroyée par MTN, qui est restée au stade de projet non concrétisé, tout en s’abstenant volontairement de souffler le moindre mot sur l’acquisition par le russe VimpelCom de 51,7% des actions de Djezzy. Naguib Sawiris fera part, en outre, de son mécontentement au sujet du calendrier fixé par les autorités algériennes pour l’aboutissement du rachat de Djezzy.
Il considère trop long ce délai fixé par les autorités algériennes pour engager les négociations avec OTH, lesquelles négociations seront de mise à partir de l’année prochaine si l’on s’en tient aux propos des officiels algériens, notamment le ministre de la Poste et des technologies de l’information et de la communication, Moussa Benhamadi.
Le patron d’OTH feint-il d’ignorer que ce délai, tel que prévu par les autorités algériennes, est essentiellement justifié par l’opération d’évaluation de l’entreprise Djezzy qui sera l’œuvre d’experts dans ce domaine ?
Menace de recourir à l’arbitrage international
Et les explications du patron d’OTH ne s’arrêtent pas là. Le contenu de la correspondance adressée au Premier ministre Ahmed Ouyahia, Naguib Sawiris et écrit ceci :
«Votre déclaration selon laquelle le montant des redressements ne changera pas, alors même qu’ils devraient faire l’objet de procédures d’appel administratives et judiciaires, reflète une décision avant jugement inquiétante, et confirme nos doutes quant à l’impartialité et la justice des procédures administratives et judiciaires locales.» Dans le même document, l’homme d’affaires égyptien s’insurge contre les décisions prises par la Banque d’Algérie à l’encontre de Djezzy.
La Banque d’Algérie a, pour rappel, déposé une plainte contre cette filiale de téléphonie mobile pour infraction à la réglementation de change, tout comme la même banque a notifié à Djezzy l’interdiction de transférer ses dividendes à l’étranger, notamment au profit de la maison mère.
Contrairement à ce qu’a affirmé le Premier ministre à partir de la tribune de l’APN au sujet du dossier Djezzy, Naguib Sawiris refuse le paiement des arriérés de salaires de l’entreprise Lacom de téléphone fixe ayant fait l’objet de dissolution.
Le patron d’OTH, qui menace de recourir à l’arbitrage international pour solutionner le conflit qui l’oppose aux autorités algériennes, se dit favorable pour un règlement à l’amiable de celui-ci. «Je me tiens prêt à vous rencontrer au moindre signal de votre part», écrit-il à l’adresse du Premier ministre Ahmed Ouyahia.
Par Karim Aoudia