Faut-il une fois de plus sauver le régime politique » algérien? C’est la question posée par le président du Mouvement de Société de Paix (MSP), Abderrezak Makri.
La réponse est « non » indique-t-il, dans un article publié sur le site du mouvement car le « devoir national aujourd’hui est de s’opposer au régime et le sauver serait une haute trahison à l’égard de la patrie ».
Makri note que le régime vit ces derniers temps un nouvel épisode de ses « crises cycliques » qui se manifeste selon lui par le délitement des institutions, les luttes de clans, les affaires de corruption et « l’implication de personnalités importantes proches du président » sans compter la dégradation de la situation aux frontières du pays.
Au plan politique, il évoque une évolution de l’opposition vers le « sérieux », la « fermeté » et la « clarté » alors que les partis du pouvoir connaissent des déchirements et n’arrivent pas à apporter une « couverture politique » au régime.
Le régime gère ses contradictions par des « vieilles recettes » comme des remaniements ministériels conjoncturels et la sortie de dossiers pour aboutir soit à des arrangements, soit à la victoire d’un clan sur un autre pour imposer un état de fait.
Quant à la société, elle est gérée par « l’achat d’allégeances » et par la pression sur les partis et les associations afin de construire des alliances destinées à donner une scène politique « vendable » à l’intérieur et à l’extérieur.
Les services ont perdu leur efficacité politique
Ces recettes, le régime les a utilisées avec succès de nombreuses fois car les Algériens ont accepté de faire des sacrifices durant des périodes dures où « le sort du régime était lie à celui du pays et de l’Etat ».
Le régime, estime-t-il, ne semble plus en mesure d’obtenir ces résultats pour de nombreuses raisons liées à l’évolution de l’opposition, de la diffusion de l’information qui rend la société mieux informée.
Mais plus profondément, cet incapacité à reproduire cette identification entre le sort du régime et celui de la nation tient à un effet d’entropie interne au régime. « L’aggravation des conflits au sein du régime politique a eu pour effet un recul de l’efficacité des appareils sécuritaires de renseignements qui géraient ces stratégies ».
Le régime, écrit Makri, n’arrive plus à faire passer dans l’esprit des citoyens que « le sort de la patrie et de l’Etat à sont liés à son, propre sort ». Il est devenu, au contraire, aux yeux de nombreux algériens « la vraie menace pour le pays ».
Après avoir fait une longue lecture des processus politiques depuis l’indépendance avec une reconnaissance que Chadli Bendjedid a été celui qui a tenté de résoudre la crise en tentant de « remettre l’Algérie à la volonté des Algériens », Makri souligne que désormais que le devoir national est de s’opposer au régime.
« La patrie est séparée désormais du régime, contrairement à ce qu’il en était durant les périodes précédentes. Dès lors que le régime politique est devenu l’unique menace pour le pays, le sauver aujourd’hui serait une haute trahison contre le pays. Celui qui pense cela ne pense qu’à lui-même et à ses intérêts.
Celui qui nous fait rater cette opportunité nous ramènera à cet état de confusion entre la patrie et le régime qui rend le changement impossible encore une fois et peut-être définitivement ».
Allusion à Bouguerra Soltani qui continue de penser que le positionnement du MSP dans l’opposition est une erreur stratégique? Makri, lui, dit s’adresser aux algériens chez qui il reste un peu du souffle de Novembre 1954 en leur disant que « le devoir national aujourd’hui est d’exercer les plus vives pressions sur le régime afin qu’il accepte une transition démocratique négociée… »