Sauvegarder le patrimoine amazigh à Ouargla : Les artisanes de Blidet-Amor activent inlassablement

Sauvegarder le patrimoine amazigh à Ouargla : Les artisanes de Blidet-Amor activent inlassablement

Les inlassables efforts des femmes artisanes de la région de Blidet-Amor, dans la wilaya déléguée de Touggourt (160 km au Nord d’Ouargla), en matière d’activités d’artisanat dénotent de l’attachement et de la passion de cette frange sociale à leur legs amazigh, fierté de cette localité nichée au sud d’Oued-Righ.

L’adhésion de nombreuses artisanes aux associations locales versées dans la valorisation du patrimoine séculaire est une preuve de cette action laborieuse de conservation menée par ces femmes qui œuvrent d’arrache-pied à préserver ce label en estampillant leurs œuvres de signes et motifs puisés du fond amazigh et à marquer leur attachement à leur patrimoine séculaire symbolisant ses sources et identité amazighes. Approchées par l’APS, de nombreuses artisanes de la région s’accordent à mettre en valeur les démarches de la promotion de l’amazighité, en l’occurrence l’institutionnalisation par le Président de la République Abdelaziz Bouteflika, du 12 janvier, fête de Yennayer chômée et payée, qui constitue, à leurs yeux, un immense acquis susceptible de consolider l’identité nationale et de promouvoir la culture nationale dans toutes ses variantes à travers le territoire national. Evoquant l’artisanat dans la région de Blidet-Amor, Samiha Bekkouche, membres de l’association «Affak» (perspectives) a indiqué qu’elle tient, pour exprimer son amour et attachement à son patrimoine amazigh, à matérialiser cette appartenance à travers des signes et motifs exprimés en Tifinagh sur les produits tissés, dont la Kachabia (sorte de manteau), Bekhnoug (châle),le Houli (voile) et autres habits traditionnels. Fatma Ghettas, artisane douée dans l’art culinaire traditionnel, a, de son côté, mis en avant l’importance de l’ouverture, dans la région, d’écoles de formation dans les activités artisanales et la promotion des objets valorisant le patrimoine amazigh.

Mettre en valeur le patrimoine amazigh de la région

Dans le même sillage, des associations locales, s’intéressant au patrimoine matériel et immatériel, s’emploient, parmi la variété de leurs activités culturelles, à sauvegarder la richesse du patrimoine amazigh encore vivant dans la région, à travers le répertoire du legs immatériel, dont la poésie et les chants amazighs, les contes, en plus de l’enregistrement de témoignages de personnes âgées en vue de le préserver, selon des responsables d’associations. Pour consolider ces efforts de promotion de l’amazighité dans la région, il est relevé la mise en place, en janvier 2017, d’un conseil scientifique linguistique de la variante amazighe «Righi», relevant de l’association «Iqra» de Blidet-Amor pour la culture et le développement scientifique, chargé entre autres objectifs de la collecte, en coordination avec les vieux de la région d’expressions linguistiques Righies et leur réhabilitation. Youcef Ghettas qui s’interesse à la langue amazighe a, dans ce cadre, élaboré un dictionnaire amazigh de la variante «Righie» de 60 pages, non encore publié, comportant des termes et paronymes, des verbes, des noms, des déterminants et noms d’animaux. Selon lui, de nombreux acteurs locaux à Blidet-Amor entendent œuvrer à authentifier et documenter la variante amazighe Righie, établir ses règles grammaticales, intensifier les rencontres en vue de trouver les moyens et mécanismes permettant de pérenniser cette variante auprès des nouvelles générations, et soutenir sa promotion avec le concours du Haut commissariat à l’Amazighité (HCA). M. Ghettas a ainsi fait part, pour conforter les efforts d’utilisation et de promotion de la variante Righie, de l’ouverture d’une classe, en première année primaire, pour l’enseignement de cette langue, une démarche que bon nombre d’intervenants ont salué et qualifié de «positive» dans la généralisation graduelle de l’enseignement et l’utilisation de cette variante amazighe.

La localité de Blidet-Amor, ancienne appelée «Adjelou», est l’une des régions du Grand Touggourt où la diversité linguistique amazighe est ancrée depuis la nuit des temps, allant de la variante «Righie», renvoyant à la région de Oued Righ, à la variante «Hachanie» en référence à la communauté de R»jal El-Hachane (hommes des petits palmiers), a expliqué Lamine Boukhellat, président de l’association «El-Fedjr» pour le tourisme et le patrimoine de Blidet Amor. Au volet célébration du nouvel an amazigh 2968, un riche programme festif a été concocté par les autorités locales de la wilaya déléguée de Touggourt. Placé sous le slogan «Algérien et fier de mon Amazighité», le programme, qu’abrite la maison de jeunes de Blidet-Amor et le centre culturel de la localité de Ghamra, prévoit une exposition d’œuvres et objets traditionnels, de produits de l’artisanat, ainsi que des chants et des soirées artistiques en amazighe, des jeux traditionnels, et la présentation de communications sur le patrimoine socioculturel de la région.