La problématique de la sauvegarde du pouvoir d’achat demeure liée à la nature du système économique
“La sauvegarde du pouvoir d’achat du citoyen” est le thème d’un débat organisé jeudi, conjointement par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme et la fondation allemande Friedrich-Ebert au niveau de son siège. D’emblée, on peut dire que le modérateur de cette rencontre, Bachir Boulahbel, s’est éloigné de la réalité du vécu de l’Algérien en affirmant qu’en l’absence de paramètres et d’outils de mesure de variation du pouvoir d’achat, avancer une dégradation de celui-ci résulte d’un sentiment subjectif.
Il précise en citant une récente étude qu’une personne peut se suffire de 2 100 calories/jour, l’équivalent de 200 dinars par mois. Ce consultant soutient qu’avec un Smig de 18 000 dinars, une famille peut vivre décemment, réduisant ainsi le citoyen algérien à un simple tube digestif. Qu’en est-il des autres besoins notamment les soins, la scolarisation et le transport ?
Les interventions de quelques participants à cette rencontre ont heureusement permis de recadrer le débat. C’est ainsi que le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme, Noureddine Benissad, a préféré aborder cette problématique de sauvegarde du pouvoir d’achat en tant que droit inscrit dans le Pacte international pour les droits sociaux et culturels que le pays a ratifié. Il a parlé d’absence de développement et d’une politique économique efficiente qui risque de peser lourd sur l’avenir du pays. “Aujourd’hui, le pouvoir fait face à la contestation sociale par la rente pétrolière. Il achète la paix sociale. Mais si demain il n’y a plus de pétrole, comment va-t-il gérer la grogne sociale ?” s’interroge-t-il. Un autre intervenant a fait remarquer que même si le pays est dans une situation confortable sur le plan financier, aisance matérialisée notamment par un faible stock de la dette et des réserves financières non négligeables, les retombées sur le pouvoir d’achat restent négatives pour une grande partie de la population. Il pense que cette diminution du niveau de vie est devenue une donnée structurelle en dépit des augmentations des salaires qui étaient censées permettre au citoyen d’aborder l’avenir avec plus de sérénité.
Ce constat pose la question de la hausse des prix et celle de l’inflation. Même l’instance officielle qui est l’Office national des statistiques ne cesse dans ses rapports de faire le constat de la revue à la hausse de pratiquement tous les produits, y compris des produits alimentaires de large consommation.
Certains économistes présents dans la salle n’ont pas hésité à lier cette inflation au surplus de liquidités disponible sur le marché à travers les hausses de salaire. D’autres ont relevé l’absence de “régulation” du marché et l’ancrage de l’économie informelle dans les circuits de distribution. “L’accord de libre-échange avec l’Union européenne (accord d’association) qui avait comme objectif la diminution des taxes d’entrée des produits donc la réduction des prix n’a eu en fin de compte aucun impact sur le pouvoir d’achat”, note l’un d’eux.
Un syndicaliste du secteur de l’enseignement fait, enfin, observer que parler du pouvoir d’achat implique l’existence d’un salaire, alors qu’en est-il des chômeurs, des handicapés et toutes les personnes en détresse ?
N H