Sarouel, m’lahfa, bakhnoug … Au-delà du vêtement, l’héritage et l’histoire

Sarouel, m’lahfa, bakhnoug … Au-delà du vêtement, l’héritage et l’histoire

Le sarouel «chelka» est repensé pour les jeunes femmes avec un aspect de jupe serrée et des ouvertures plus longues sur le côté, qui imprimera à la silhouette une pure élégance.

Le sarouel à la mode algéroise n’a jamais disparu du mode vestimentaire féminin de ces dames de la capitale. Certes, les jeunes femmes ne le portent que pour les grandes occasions ou pour la «tassdira», cérémonie de présentation des tenues de la mariée, toutefois, il demeure incontournable lors de la réalisation du trousseau pour faire partie de la garde-robe de la mariée. Sarouel zenka, destiné aux sorties, dans les années 1900 «pouvait être confectionné avec 12 mètres de tissu, 6 mètres pour chaque jambe et boutonné tout au long de la jambe et retenu à la cheville. Les bottines en cuir étaient les chaussures appropriées pour ce genre vestimentaire», nous signale Dalila qui tient ces détails de sa défunte mère. Advint la modification du sarouel de nos aïeules, trop ample et lourd et pour cause. Les tissus du saroual zenka étaient de texture épaisse parce que destiné à être porté à l’extérieur.

On diminua le métrage au fil des années, pour que naisse le sarouel m’daouer (arrondi dans sa forme) avec ses 6 mètres de tissu et cousu en une seule pièce.

Froncé à souhait par un cordon glissé dans l’ourlet de la ceinture et retenu par des cordons attachés aux genoux. Puis le temps faisant, le sarouel ne fut réalisé qu’avec 3 ou 4 mètres de tissu selon le penchant de celle qui le porte.

Il sera désormais le sarouel des grand’mères.

La tendance moderne a vu s’affirmer sarouel «chelka» avec ses 2 mètres et demi de largeur et deux fentes de chaque côté laissant dépasser les jambes. Celui-ci est repensé pour les jeunes femmes avec un aspect de jupe serrée et des ouvertures plus longues sur le côté, qui imprimera à la silhouette une certaine élégance.

Le sarouel qu’il soit m’douer ou chelka reste l’habit privilégié des futures mariées. D’ailleurs, à Alger et dans les wilayas du centre, notamment à Blida, Koléa, Cherchell, Médéa il est la pièce maîtresse, indispensable dans la collection de l’ensemble des vêtements de la mariée. Les vitrines des boutiques spécialisées dans l’habit cérémonial exposent sur les mannequins en cire ce vêtement, en vogue, dans les deux modèles. Le sarouel des grandes occasions ne peut ressortir qu’avec le caraco. Cette veste en velours richement travaillée de fil doré ou argenté. La coupe, les découpes et la longueur se rapportent au choix ainsi qu’aux préférences de celle qui va le porter.

Fines étoffes pour les grands événements et cotonnades pour la maison. En lamé, satin, en velours ou en crêpe de Chine, le sarouel a encore de beaux jours devant lui.

A noter que jusqu’aux années 70 toutes les paires de chaussures de la mariée devaient être de la même couleur que ses tenues. Coquetterie oblige. Elles étaient faites sur mesure par des artisans bottiers. A cet effet, on prélevait un morceau du tissu du caraco, du sarouel ou de tout autre ensemble vestimentaire, qu’on envoyait à l’atelier de l’artisan bottier lequel façonnait les paires de mules, sabbat, bligha, ou «babouche» assortis aux tenues.

Leila N