Sarkozy veut venger la mort de Germaneau

Sarkozy veut venger la mort de Germaneau
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Rien n’a filtré sur les intentions françaises quant à la riposte, mais tout indique qu’une offensive dans la région sera menée avec le soutien des forces spéciales françaises.

L’exécution de l’otage français, Michel Germaneau, par une cellule de l’Aqmi, dirigée par le sanguinaire Abdelhamid Abou Zeïd, a fait réagir le président français, Nicolas Sarkozy, qui a promis la vengeance. “Ce crime commis contre Michel Germaneau ne restera pas impuni”, a déclaré le président français, après avoir confirmé la mort de l’otage, âgé de 78 ans et qui activait pour une association humanitaire. Pour rappel, ce dernier a été enlevé le 19 avril dernier en compagnie de son chauffeur algérien (libéré) au Niger. Il a condamné vivement l’odieux crime.

“Je condamne cet acte barbare, odieux, qui vient de faire une victime innocente (…), qui consacrait son temps à aider les populations locales”, a déclaré M Sarkozy. “Sa mort illustre que nous avons affaire à des gens qui n’ont aucun respect de la vie humaine”, dit-il, comme pour donner une image de la nature des terroristes.

Le président français s’est exprimé après avoir réuni un conseil restreint (Premier ministre François Fillon, les ministres Bernard Kouchner, Affaires étrangères, et Brice Hortefeux, Intérieur, ainsi que des responsables de la Défense et des services de renseignements sur cette question). Il a immédiatement chargé son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, de se rendre à Bamako, Niamey et Nouakchott “afin d’examiner avec les autorités locales et nos ambassadeurs les mesures de sécurité à prendre pour nos ressortissants”, a-t-il déclaré. Parallèlement à cette crainte pour les ressortissants français dans la région, Sarkozy a appelé les Français à éviter de se rendre dans la région du Sahel.

Rien n’a filtré sur les intentions françaises quant à la riposte, mais dans les propos de Sarkozy tout indique qu’une offensive dans la région sera menée avec les forces militaires locales et le soutien des forces spéciales françaises ou par des opérations conjointes. “Ils ont assassiné de sang froid une personne de 78 ans, malade, à qui ils ont refusé de faire parvenir les médicaments dont elle avait besoin”, a-t-il ajouté alors que le groupe terroriste avait imposé un ultimatum aux autorités françaises sans amorcer le moindre contact pour les négociations. “Nous sommes face à un groupe, une phalange, totalement déterminée, menant une guerre sainte et qui avait refusé par des moyens directs ou indirects d’engager tout dialogue avec nous”, a déclaré de son côté le ministre français de la Défense, Hervé Morin.

C’est que le groupe d’Abou Zeïd, qui a déjà à son actif l’exécution de l’otage anglais Edwin Dyer, a tué l’humanitaire français en réaction à l’opération militaire du 23 juillet menée par l’armée mauritanienne avec le soutien des troupes spéciales françaises au nord du Mali où sept terroristes ont été abattus. Les Français ont justifié le raid comme étant une action préventive. “Les Mauritaniens étaient informés d’une attaque d’environ 150 combattants d’Al-Qaïda qui se regroupaient au Mali (…). Dans le cadre de cette action préventive, nous avions décidé d’apporter notre concours sur une partie de leur opération, qui était d’intervenir sur un camp. On pouvait avoir l’espoir que Michel Germaneau soit dans ce camp, compte tenu de son caractère stratégique”, avait déclaré Sarkozy. Désormais, la France s’imposera dans ce combat contre le terrorisme dans la bande du Sahel où elle a déjà mis pied avec cette fois la légitimité de l’exécution de Germaneau et la menace de l’Aqmi.

“Plus que jamais nous sommes décidés à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et à soutenir les pays qui ont le courage de combattre ce terrorisme barbare. Ce combat nous concerne tous, il en va de notre sécurité”, a poursuivi Sarkozy.

Le crime a été dénoncé par l’Union africaine dont le sommet se tient à Kampala, le gouvernement espagnol ainsi que la Mauritanie directement concernée par ce fléau.

“Rien ne peut justifier l’exécution d’un otage, et certainement pas le refus de payer une rançon ni une opération légitime qu’un pays de la région peut conduire avec ses propres moyens et l’assistance d’une tierce partie”, a dénoncé M. Ramtane Lamamra, commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA. Pour le commissaire africain, il ne fait aucun doute sur la nature d’Al- Qaïda qui est un groupe barbare. “Al-Qaïda a montré le peu de respect (qu’il avait) pour la vie humaine. Ceci est une démonstration supplémentaire de ce comportement tout à fait barbare et inacceptable”, a ajouté Lamamra.

L’Espagne a dénoncé de son côté ce crime alors que deux ressortissants espagnols sont encore otages d’un autre groupe terroriste, celui de Mokhtar Belmokhtar dit Laouer, rival de celui d’Abou Zeïd. “Le gouvernement espagnol souhaite transmettre au gouvernement français sa pleine solidarité et son appui face à ce crime brutal”, a indiqué un communiqué des AE espagnoles. Le gouvernement espagnol se veut cependant rassurant quant au sort d’Albert Vilalta et Roque Pascual, deux humanitaires espagnols de l’association Accio Solidaria, enlevés en Mauritanie et détenus dans le nord du Mali. Retenus par l’Aqmi, certes, reconnaît le gouvernement qui a entamé des négociations pour leur libération, mais il ne s’agit pas du même groupe qui a retenu l’otage français. Les motivations des deux groupes sont différentes.

Par ailleurs, en Mauritanie, on n’exclut pas le risque de représailles de la part des terroristes. Les partis politiques sont d’ailleurs divisés sur la position du gouvernement qui est pour la lutte contre les cellules de l’Aqmi, identifiées sur son sol et dans la région.

Ainsi, une autre alliance contre le terrorisme en Afrique pourrait voir le jour.