Sarkozy à la conquête d’un second mandat

Sarkozy à la conquête d’un second mandat

Plombé par l’impopularité, distancé dans les sondages par le socialiste François Hollande, le président français, Nicolas Sarkozy, compte cependant arracher un second mandat le 6 mai.

Pour ce faire, le président sortant mise sur son activisme pour convaincre des électeurs démoralisés qu’il est le meilleur recours face à la crise. Aucun des deux principaux candidats n’est cependant à l’abri d’une surprise provoquée par la progression de la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen, qui agite les thèmes de l’identité nationale et de l’immigration et rêve de parvenir au second tour comme son père en 2002. Le bilan de Nicolas Sarkozy, 56 ans, est jugé négatif par sept Français sur dix, notamment sur le pouvoir d’achat, l’emploi (le chômage est passé de 7,5% à 10% en cinq ans) et la lutte contre les inégalités.

Mais à l’approche vendredi des cent jours qui le séparent du premier tour le 22 avril, et dans un climat d’incertitude profonde, celui qui s’est voulu un «hyper-président» présent sur tous les fronts joue à fond sur les avantages que lui donne l’exercice du pouvoir à l’intérieur et sur la scène internationale, campant en «capitaine courage» face à l’adversité. En quelques jours, il a annoncé la création, sans attendre le reste de l’Europe, d’une taxe sur les transactions financières censée moraliser le capitalisme financier, lancé une réforme du financement de la protection sociale destinée à baisser le coût du travail et esquissé les grandes lignes d’une réforme de l’éducation, disputant ce thème sensible au candidat socialiste.

Celui-ci est conscient du danger. Samedi, depuis son fief de Corrèze (centre), il s’est efforcé de décrédibiliser cette stratégie en soulignant que la parole du président «a perdu une grande part de son crédit». Mais piégé par les incertitudes qui pèsent sur les finances publiques avec la menace de perte du tripe AAA de la France, ses propres propositions pour combattre la récession, le chômage et l’injustice sociale tout en réduisant la dette restent dans le flou. Depuis des semaines M.Hollande, 57 ans, qui a emporté haut la main en octobre une primaire de son parti, est donné par les sondages facile vainqueur du président sortant. Cependant son avance s’effrite, tombant sous la barre des 30% d’intentions de vote au premier tour contre 24 à 26% pour M.Sarkozy.

Ses alliés potentiels, la candidate des Verts Eva Joly, dont les propositions décalées suscitent le trouble jusque dans ses rangs, et celui de l’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon, porteur d’un programme antilibéral de rupture, ne profitent que marginalement de cet infléchissement. Il semble plutôt faire le jeu du centriste François Bayrou, partisan d’une moralisation de la vie publique, dont la cote de popularité ne cesse de monter et qui attire 11 à 14% des intentions de vote. Quant à Marine Le Pen, elle séduit avec son populisme une large frange des couches populaires laminées par la crise et se trouve créditée de 16 à 20% des suffrages, espérant bien rééditer l’exploit de son père qui avait affronté Jacques Chirac au second tour en 2002. M.Sarkozy et son gouvernement n’ont pourtant pas épargné leurs efforts pour tenter de capter cet électorat en faisant du contrôle de l’immigration un de leur chevaux de bataille – tout dernièrement avec les étudiants étrangers voulant rester travailler en France – au risque de froisser la droite modérée.

Le président sortant est en effet fragilisé par l’éclatement de son camp en de multiples chapelles qui menacent toutes de présenter un candidat contre lui. L’élection présidentielle sera suivie en juin par des élections législatives, modelant pour cinq ans le paysage politique du pays. Ce scrutin suscite toujours un fort intérêt en France. En 2007 près de 84% des 41 millions d’électeurs s’étaient déplacés. L’abstention pourrait cependant marquer des points, tant est faible la confiance des Français envers la capacité de la politique à changer leur vie.