Sarah Leah Whitson : Alger doit «réviser les lois qui violent les droits fondamentaux des Algériens»

Sarah Leah Whitson : Alger doit «réviser les lois qui violent les droits fondamentaux des Algériens»

Voilà des recommandations qui ne risquent pas de bénéficier d’une oreille attentive à Alger. L’organisation non gouvernementale Human Rights Watch, basée à Washington, a demandé mercredi 6 avril aux autorités algériennes de réviser ses lois répressives. Le gouvernement algérien continue d’interdire les manifestations dans la capitale et refusent d’ouvrir le champ médiatique à la concurrence.

Si Human Rights Watch estime que la levée de l’état d’urgence le 24 février 2011 «est un pas dans la bonne direction », cette levée n’a pas pour « autant n’a pas restauré les libertés civiles fondamentales des Algériens. Aussi, estime cette ONG, l’ « Algérie doit pour cela réviser les nombreuses lois répressives existantes et mettre un terme à différentes pratiques arbitraires qui ne trouvent pas de justifications dans les lois. »

Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, s’est exprimée sur l’Algérie. Voici l’essentiel de ses propos tels que rapportés sur le site de l’organisation.

Levée de l’Etat d’urgence :

« La levée de l’état d’urgence n’a eu pour l’instant que très peu d’impact sur l’exercice de leurs libertés civiles par les Algériens, car l’arsenal juridique préexistant est parfois tout aussi répressif, ou utilisé de manière répressive ».

Pratiques arbitraires :

« Les autorités algériennes doivent travailler à abroger ou réviser ces textes, le cas échéant, et à mettre un terme à certaines pratiques arbitraires et abusives de l’administration qui n’ont, la plupart du temps, aucune base légale. »

Interdiction de manifester à Alger en vigueur depuis 2001

« L’interdiction des manifestations à Alger viole le droit de rassemblement des Algériens par sa définition trop vague et sa durée illimitée ».

La société civile bâillonnée :

« La société civile est fragilisée par l’obligation de se soumettre aux pratiques arbitraires des autorités ou de mener ses activités dans un cadre non-légal. La plupart des organisations perçues comme critiques envers le régime ne tentent même plus de demander les autorisations pour se rassembler, sachant qu’elles ne les obtiendront pas, ou de déclarer les réunions publiques. Ces réunions se tiennent donc de façon semi-cachée et les manifestations ont lieu de manière non-autorisée. »

Abrogation des lois liberticides :

« Lever l’état d’urgence était la première étape. A présent, la deuxième étape – et la plus ambitieuse – est de réviser les lois qui violent les droits fondamentaux des Algériens et ensuite de faire appliquer ces changements par les autorités »