Une clinique souterraine chic, dontles murs et le plafond de chaque chambre sont faits uniquement de sel pur: bienvenue au coeur de la deuxième plus grande mine de sel du monde, à Khewra, dans le centre du Pakistan, où l’on teste une thérapie contre l’asthme.
Depuis son ouverture en mars 2007, plus de 500 patients ont séjourné 11 heures par jour pendant 10 jours dans ses murs, allongés sur les 12 lits de ses six chambres ou bien regardant la télévision dans son salon creusé à même les parois de la mine.
Ici, il suffit de respirer. «Nous n’administrons aucun médicament, parce que les patients qui souffrent d’asthme allergique se rétablissent grâce à l’air ambiant, donc nous leur mettons simplement à disposition un environnement propice à une meilleure respiration», explique Akhlaaq Hussain Shah, le médecin-chef de la clinique de Khewra.
Selon les responsables de l’établissement, les patients souffrant d’asthme mais aussi d’autres maladies respiratoires peuvent être soignés en inhalant les particules antibactériennes du sel, dans un environnement stérile, ce qui aide à décoller les mucosités et dégager les voies respiratoires.
Cette thérapie est déjà populaire dans l’est de l’Europe où des cliniques similaires ont vu le jour dans de vastes mines de sel, mais aussi ailleurs dans le monde, comme en GrandeBretagne, où des établissements en recréent artificiellement les conditions. Certaines de ces cliniques tentent même de soigner les bronchites, et même les otites et la mucoviscidose.
A Khewra, des patients ne tarissent pas d’éloges. «Je suis venu du Canada, ils n’arrivaient pas à me soigner là-bas avec des médicaments, mais je me sens mieux depuis que je suis venu ici», dit Naeem Shamsher.
Avant, il ne pouvait pas marcher longtemps sans être totalement essoufflé. «Maintenant, je peux courir et même jouer au foot après avoir passé trois jours ici seulement», affirme-t-il.
Après les 11 heures d’immersion quotidiennes dans la clinique, l’établissement met à disposition des patients un vrai hôtel à proximité de la mine.
Dix jours de thérapie coûtent 5.300 roupies (environ 45 euros).
Depuis son ouverture il y a près de trois ans, la clinique de Khewra a accueilli quelque 500 patients, certains de Grande-Bretagne et d’Arabie saoudite, et le Dr Shah assure que 60% d’entre eux sont repartis avec une amélioration de leur état de santé.
Mais pour le Dr Shahid Abbas, qui dirige le Centre des Allergies, de l’Asthme et de l’Immunologie d’Islamabad, une clinique privée, si les patients souffrant d’asthme peuvent éprouver une amélioration temporaire après un séjour dans cet environnement salé, ils n’y trouverons pas de remède définitif à leur maladie.
«Il n’y a pas de preuve scientifique qu’une personne peut guérir définitivement de l’asthme en respirant simplement dans une mine de sel ou tout autre environnement spécifique», dit-il. Khaled Sajjad Khokhar, le directeur de la Société nationale de Développement des ressources minérales du Pakistan, assure qu’un projet d’extension de la clinique à 100 lits ne sera approuvé qu’après une étude sur ses bienfaits. Mais plusieurs patients y reviennent chaque année, déjà heureux d’y retrouver un confort même temporaire.
«Cet hôpital est une bénédiction, il m’a donné une seconde vie», s’enthousiasme Adnan Khan, qui y effectue sa deuxième cure en trois ans.
Et si la clinique ne fait finalement pas florès, l’Etat pakistanais propriétaire peut toujours tenter d’exploiter davantage le filon touristique: une petite partie de cette gigantesque mine (210 km2 au total) a été transformée depuis longtemps en circuit de découverte, avec petit-train, et quelque 250.000 visiteurs s’y extasient chaque année sous les plafonds des galeries roses qui brillent de mille feux.
Par Khurram Shahzad de l’AFP