Les tribulations des malades en quête d’une prise en charge à l’étranger représentent une véritable sanction.
Des malades en détresse, atteints de maladies ne pouvant être soignées en Algérie, se perdent dans les dédales de l’administration, «faisant face à moult obstacles», pour obtenir une prise en charge à l’étranger, alors que «pour certains, ces transferts se décident en un clin d’œil», rapporte une source bien au fait de ces transferts. A moins d’un miracle ou d’une chance inouïe, «on a rarement vu des malheureux bénéficier de soins à l’étranger».
Un quotidien arabophone a même rapporté le cas de la petite Alia, décédée sous les yeux et devant l’impuissance de l’équipe médicale du CHU Nefissa-Hamoud. Des Alia, il y en a beaucoup. Leurs familles, écœurées de vaines attentes, se résignent en acceptant la mort de leur enfant. Le même journal rapporte le cas d’un chef de service d’un CHU à Alger qui a bénéficié de soins à l’hôpital Pompidou pour une petite hémorragie de l’estomac. Nombreuses sont les personnes qui ont bénéficié de soins à l’étranger alors que leur état de santé était sans gravité, pendant qu’à l’hôpital Mustapha-Pacha – pour ne citer que cet établissement – les cancéreux agonisent, faute de médicaments et de matériel approprié. «Beaucoup bénéficient de soins dans des hôpitaux parisiens ou suisses aux frais de la princesse», affirment plusieurs malades auxquels nous avons rendu visite au CPMC. Si l’on vante tellement les compétences locales pourquoi ces nantis préfèrent-ils se faire soigner ailleurs ? Pourtant, cette même élite peut jouir des services de l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja dont la réputation est des plus avérées. Mais étrange paradoxe, car souvent, dans les hôpitaux français ou européens, ce sont des médecins algériens qui prennent en charge ces malades. C’est donc le système de santé qu’il faut revoir. «Les privilégiés vont en France à la recherche de ce qui fait défaut en Algérie : l’organisation et la rigueur.» Combien coûtent ces prises en charge à la Cnas ? Pour assurer les soins et la convalescences aux titulaires d’une prise en charge, la Cnas doit y mettre le prix. Les frais varient selon les pathologies ou les interventions : pour une vésicule biliaire il faut compter 5 975 euros, une intervention sur le foie 9 734, une transplantation rénale 15 715, cardiaque 53 281 euros.
R. K
