Santé publique : Un secteur paralysé

Santé publique : Un secteur paralysé

Pour ce début de l’année 2010, le secteur de la santé connaît une paralysie générale. Les professionnels de la santé, médecins généralistes et spécialistes, paramédicaux et psychologues ont tous décidé de geler leurs activités pour une période indéterminée.

Après la grève illimitée des praticiens de la santé publique initiée depuis le 23 décembre dernier, c’est aux praticiens spécialistes de rejoindre leurs confrères et d’entamer un débrayage ouvert à partir d’aujourd’hui.



Le Syndicat des psychologues (Snapsy) quant à lui menace de recourir à la grève illimitée à partir du 12 janvier prochain si la tutelle ne donne pas suite à ses doléances. La grève du Snapsy sera précédée de deux rassemblements, le 12 janvier devant la direction générale de la Fonction Publique et le siège du ministère de la Santé.

Les initiateurs de tous ces mouvements de protestation ont relevé «la déliquescence et l’instabilité dans lesquelles se trouve actuellement le système de la santé». Ils dénoncent, ainsi, le mépris de la tutelle vis-à-vis des professionnels de la santé, la précarité de la gestion du secteur qui continue de fonctionner selon une loi fondamentale datant de 25 ans.

Ils ont relevé également l’absence de dialogue et de concertation avec le partenaire social dans la prise de décision concernant les professionnels de la santé telle que le statut particulier et le régime indemnitaire ainsi que le départ massif des médecins vers le secteur privé ou/et à l’étranger.

«Nous sommes exclus du dialogue contrairement aux dispositions de la loi 90-14 portant sur l’association des partenaires sociaux dans les décisions et toutes ces contraintes et d’autres poussent les professionnels de la santé à quitter le secteur public pour le secteur privé ou carrément pour l’étranger», précisent les protestataires.

Retard dans la création de la carte sanitaire

Autre problème soulevé par les syndicats : le retard constaté dans la création de la carte sanitaire nationale. «Une décision de création de carte sanitaire nationale a été annoncée depuis le 19 mai 2007. Mais depuis aucune suite n’a été donnée, car les arrêtés portant établissement de cette carte n’ont pas été promulgués par le ministère de la Santé».

Les psychologues dénoncent «le refus de la tutelle d’installer une commission mixte pour débattre du régime indemnitaire comme il a été décidé lors de leur dernière rencontre avec le ministre de la Santé le 13 octobre 2009». Ils invoquent également le refus de la direction de la Fonction publique de prendre les mesures nécessaires pour leur intégration.

«Nous en avons assez des promesses mensongères du ministre de la Santé», s’indigne le président du Snpsy, Khaled Keddad : «Le secteur de la santé est le dernier souci des pouvoir publics. Même le président de la République semble oublier ce secteur névralgique», estiment les représentants des syndicats de la santé publique.

«Le développement du secteur ne nécessite pas seulement des équipements modernes et de nouvelles structures mais aussi une prise en charge effective des ressources humaines», a réclamé le docteur Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique, ajoutant que «la politique des réformes se fait dans l’instabilité.

En 7 ans, on a vu un défilé de 7 ministres». Les professionnels de la santé publique se disent toutefois déterminées à aller jusqu’à l’aboutissement de leurs revendications dont «une politique sérieuse qui pourra sortir le secteur du marasme qui le gangrène».

F. A.