C’est aujourd’hui que sera organisé, sur quatre jours et pour la première fois depuis l’Indépendance, un concours d’accès au grade de praticien spécialiste principal de la santé publique.
L’ouverture de nouveaux postes budgétaires pour ce grade a été obtenue après une lutte syndicale qui a duré onze ans, en plus des négociations engagées depuis deux ans, a relevé hier à Alger le docteur Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP). Lors d’une conférence de presse, il a annoncé que le concours, ouvert dans 50 spécialités, se tiendra à l’Ecole supérieure de formation des paramédicaux. Il verra la participation de 2700 praticiens spécialistes assistants qui répondent aux conditions arrêtées, comme la justification de cinq années et plus de service effectif en cette qualité dans des hôpitaux publics.
«C’est malheureux d’organiser ce concours trente ans après la promulgation du premier statut des praticiens spécialistes de la santé», a-t-il déploré, insistant sur le fait que l’organisation de ce concours est l’un des acquis syndicaux du SNPSSP. Le concours de graduation permettra aux praticiens d’évoluer dans leur carrière et permettra aussi une amélioration de la prise en charge des malades au niveau des hôpitaux publics.
Pour développer le secteur de la santé, qui est «délabré», le SNPSSP a demandé au ministre de la Santé de créer des hôpitaux de santé publique spécialisés et de prévoir de nouveaux centres de santé de proximité. L’ouverture de 3000 postes de praticien spécialiste principal de la santé publique rendra justice également aux centaines de praticiens spécialistes assistants qui cumulent une expérience de 15, voire 20 ans, sans bénéficier d’une quelconque promotion. Le Dr Yousfi regrettera, par contre, l’obtention des droits des médecins spécialistes après des grèves de longue durée. Tout en lançant un appel au Premier ministre pour considérer son syndicat comme «partenaire social»,
M. Yousfi a estimé que les spécialistes ne doivent pas être contraints d’observer des mouvements de protestation pour obtenir des droits socioprofessionnels. Devant la «dégradation du secteur de la santé publique», quelque 14 000 praticiens spécialistes ont quitté le pays entre 2002 et 2012 vers des pays étrangers, notamment européens, a-t-il relevé, ajoutant que le nombre de praticiens exerçant au niveau des hôpitaux est passé de 4000 en 2002 à 8500 en 2013. Il a indiqué, par ailleurs, que le SNPSSP tiendra une réunion en avril prochain avec les autres syndicats de la santé pour discuter notamment du statut particulier et du régime indemnitaire.
Karima Sebai