L’Intersyndicale de la santé publique a dénoncé hier une gestion «catastrophique» du précédent ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari. L’accusant de tous les maux, les syndicats n’ont pas voulu tirer sur les ambulances mais ont déploré un état des lieux dramatique du secteur de la Santé publique.
L’appel au dialogue lancé il y a quelques jours par le tout nouveau ministre de la santé, Abdelmalek Boudiaf, a été bien accueilli par l’Intersyndicale des praticiens de la santé publique, qui regroupe trois syndicats, à savoir le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Syndicat national des praticiens spécialiste de la santé publique (SNPSSP) et enfin le Syndicat national des psychologues (SNPSP).
Les premiers responsables de ces organisations syndicales ont affiché hier, lors d’une conférence de presse, leur «disponibilité» à entamer des concertations avec le nouveau ministre et leur volonté à faire bouger les choses dans un secteur qui agonise.
«Nous avons lu la lettre qu’a adressée le ministre à l’ensemble de la corporation. Nous répondons présents à cet appel au dialogue, mais à condition que ce ne soit pas le même que celui amorcé auparavant par Ziari et qui consacre l’exclusion et le favoritisme», a indiqué le porte-parole de l’Intersyndicale, Khaled Kedad. Même son de cloche chez son collègue Lyes Mérabet, président du SNPSP. «Nous saluons cette nouvelle désignation, même si nous estimons que ces changements répétitifs à la tête d’un secteur aussi sensible ne sont pas porteurs de stabilité.
On a pris déjà contact avec le nouveau ministre et une demande d’audience lui a été adressée. Nous attendons d’être reçus par lui», dira le président du SNPSP. «Nous pouvons apporter beaucoup à ce secteur», poursuit-il. Mohamed Yousfi, président du SNPSSP, estime, quant à lui, que le nouveau ministre «ne pourra rien faire sans la contribution de tout le monde», car, dit-il, les défis sont nombreux. Selon les conférenciers, le nouveau ministre a hérité d’un «cadeau empoisonné», vu «les problèmes auxquels est confronté le secteur de la Santé».
«Malheureusement le facteur temps n’est pas en sa faveur, car on ne connaît pas encore la durée de son mandat. Sera-t-il maintenu après la présidentielle de 2014 ?», s’interroge le porte-parole de l’Intersyndicale pour qui l’ancien ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, a mené le secteur de la santé à la «dérive».
«Ziari n’a rien apporté au secteur. Bien au contraire, il a provoqué les conflits et l’instabilité à travers sa politique de deux poids deux mesures pratiquée au détriment du malade», regrette-t-il. D’après les conférenciers, l’ex-ministre a travaillé pour l’agenda d’un lobby composé des hospitalo-universitaires «qui sont la source du mal au sein du secteur». Preuve en est, la fermeture des polycliniques et des établissements publics hospitaliers pour les transformer en CHU. «Le ministre avait pour objectif de mettre tous les praticiens de la santé publique dehors. Toutes les démarches entreprises par Ziari servent un lobby bien connu», dira Mohamed Yousfi. Lyes Mérabet estime quant à lui que «la solution se trouve dans l’abrogation de l’activité complémentaire».
Une activité qui prive le citoyen lambda du moindre soin préventif. L’Intersyndicale a remis sur la table des revendications qui datent de plusieurs années, à savoir l’amendement du statut particulier et le régime indemnitaire. Abdelmalek Boudiaf, dont c’est le baptême du feu en tant que ministre, a appelé récemment les professionnels de la santé à conjuguer leurs efforts et à «s’impliquer» pour redresser un secteur gravement malade. Dans une lettre ouverte qu’il leur a adressée, le nouveau ministre s’est engagé à impulser une démarche de «partenariat» avec l’ensemble des personnels de la santé, soulignant que seul le malade constituait une «priorité» du secteur.
Par Mehdi Ait Mouloud