Santé et Education : Les syndicats se concertent pour accorder leurs violons

Santé et Education : Les syndicats se concertent pour accorder leurs violons

Les dernières mesures prises par le gouvernement à l’encontre des mouvements de grève n’ont pas laissé les syndicats autonomes indifférents.

Un travail de concertation, précisément, entre les syndicats relevant du secteur de l’Education et de la Santé, dont la grève a été suspendue par décision de justice, se fait actuellement afin de créer un front commun.

Se disant «scandalisé» par la batterie de mesures mises en place contre les mouvements de protestation, les responsables des Syndicats autonomes se concertent pour mener une action commune et dont l’objectif est de «préserver le libre exercice syndical» et de défendre le principe consacrant dans la Constitution le droit à la grève.

L’appel à l’unité syndicale a été réitéré, avant-hier, par l’Intersyndicale des praticiens de la Santé publique à l’occasion du rassemblement observé à l’hôpital Mustapha-Pacha. Sans doute, la répression des libertés syndicales dans le secteur de l’Education nationale et de la Santé, la lutte et la résistance des Syndicats autonomes ont entraîné une convergence syndicale.

La remise en cause du droit de grève a obligé les syndicats autonomes à réévaluer leurs stratégies de lutte pour faire aboutir leurs revendications socioprofessionnelles. Après de longues années de clivages et de divergences, les Syndicats autonomes décident de joindre leurs forces autour de leurs droits et acquis socioprofessionnels. «La création d’une Confédération qui peut réunir tous les travailleurs algériens est une nécessité.

La défense du droit de grève est devenue aujourd’hui une revendication stratégique au même titre que l’augmentation des salaires et le statut particulier.

Il faut que les Syndicats autonomes se solidarisent pour faire face à la machine répressive de l’Etat», dira Nouar Larbi, réélu récemment à la tête de la Coordination nationale autonome des professeurs de l’enseignement du secondaire et technique (Cnapest). «On n’est pas contre le principe de l’unité d’action. Mais cela doit se faire avec sérénité.

Le Cnapest, le premier syndicat à avoir lancé un appel à ce genre d’initiative, est prêt à s’unir avec les Syndicats représentatifs et non avec les Syndicats des chefs, car le champ syndical en Algérie est miné par des syndicats qui ne représentent rien», a soutenu Nouar Larbi. Pour ce syndicaliste, l’échec des expériences précédentes de constituer un pôle syndical uni est dû essentiellement «à la gestion anti-démocratique de certains syndicats».

«Même si chaque corporation a ses propres revendications, n’empêche que tous les syndicats se battent pour un statut digne et une vie meilleure des travailleurs algériens. Le point indiciaire, à titre d’exemple, concerne tous les ouvriers de la Fonction publique», précise ce responsable.

Pour sa part, le président du Snpsp, le Dr Mérabet, affirme que le projet de construire un front uni est «dans une étape très avancée». «Nous sommes en contact permanant avec nos amis de l’Education.

Les récents débrayages dans le secteur de la Santé et de l’Education ont donné plus de visibilité sur les Syndicats représentatifs et non représentatifs et sur leurs capacités de mobilisation. Le droit à la grève et les libertés syndicales sont les premiers acquis à défendre.

On sait que la tâche n’est pas facile, surtout dans le contexte actuel, mais il faut aller doucement pour arriver. L’unité d’action est la seule et unique voie pour faire aboutir les revendications socioprofessionnelles des fonctionnaires et assurer l’avenir de leurs familles», a déclaré le Dr Mérabet.

Selon ce dernier, l’unité d’action syndicale de l’ensemble des Syndicats autonomes pourra créer un rapport de force pour obliger les pouvoirs publics à répondre aux doléances des travailleurs, d’autant plus que le seul syndicat reconnu par le gouvernement, l’UGTA en l’occurrence, «a failli à sa mission». «Certes, l’activité syndicale en Algérie a une expérience très courte. Mais depuis l’année 2000, elle commence à s’identifier clairement.

Si cette Confédération des travailleurs algériens viendrait à naître, ce serait la première conséquence de l’incapacité du gouvernent à gérer les conflits sociaux», souligne le président du Snpsp, qui soutient que les revendications comme la médecine du travail et les œuvres sociales peuvent rassembler les travailleurs autour d’une plateforme de revendications communes.

En attendant la concrétisation de ce projet «mort-né», il faut rappeler que plusieurs tentatives similaires de créer un front commun des syndicats autonomes étaient opérées, mais avortées et restées à mi-chemin.

Hocine L.