Santé, éducation, transports, administration publique Grève, entre «droit» et «abus»

Santé, éducation, transports, administration publique Grève, entre «droit» et «abus»
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Si la grève est un droit reconnu à chaque employé, ce moyen légitime de pression ne peut être exercé de manière contraire à l’objectif poursuivi par ce droit et dans n’importe quelles conditions. Education, Santé, Justice, Transports, administration publique… sont autant de secteurs, parmi d’autres, qui connaissent des grèves répétitives et cycliques. Ces dernières années, la grève est devenue l’ultime recours de tous les travailleurs qui, devant la sourde oreille des pouvoirs publics, exercent leur droit de grève reconnu à chaque salarié et protégé par la Constitution.

Mais ce droit, ou moyen de pression énergique, ne peut s’exercer dans n’importe quelles conditions. Il est vrai que les revendications soulevées par les travailleurs des différents secteurs d’activités et catégories professionnelles ne trouvent pas d’écho auprès des tutelles concernées. Souvent, les revendications d’ordre professionnel soulevées par les employés à travers des requêtes adressées à qui de droit ne sont que des let-tres mortes jetées aux oubliettes. La loi n°90-02 du 6 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève a clairement explicité le préavis de grève.

L’article 30 de ladite loi stipule que «le préavis de grève court à compter de la date de son dépôt auprès de l’employeur et l’inspection du travail territorialement compétente informée». Sa durée, précise-t-on, est fixée par voie de négociation et ne peut être inférieure à huit jours à compter de la date de son dépôt, et la grève prend effet à l’expiration du préavis. Parfois, des grévistes exercent le droit de grève sans aucun préavis.

C’est le cas du personnel navigant d’Air Algérie, qui a observé une grève surprise sans aucun préavis. Ce débrayage, qui atteste d’une attitude «hâtive» et «irréfléchie» du personnel navigant de la compagnie nationale, a engendré une grande pagaille dans plusieurs aéroports nationaux et internationaux. Les voyageurs pris de court, ont subi les désagréments de ce débrayage pour le moins surprenant. Dans d’autres secteurs, comme la Santé et l’Education où les débrayages sont légion, les appels à la grève retentissent partout, n’épargnant aucune catégorie professionnelle.

Les grèves cycliques dans ces deux secteurs ont tendance à se généraliser et causent des désagréments, notamment sur le rendement et le niveau d’instruction des élèves pris en otages. Depuis la rentrée scolaire, les grèves qui ont paralysé les établissements, tous paliers confondus, ne sont pas sans conséquences sur les élèves, compte tenu du bâclage des cours qui ont un impact négatif sur les épreuves de fin d’année, particulièrement le BEM et le Bac. Les résultats peu satisfaisants et le taux élevé de déperdition scolaire en sont les conséquences palpables.

Conséquemment à ces grèves répétitives et parfois exagérées, élèves, patients et voyageurs sont pénalisés et prennent leur mal en patience. Le service minimum étant une notion, voire une pratique inexistante dans nos établissements scolaires, les citoyens subissent, en fin de compte, les retombées. On peut citer, à l’époque où Ould Abbès était ministre de la Santé, la grève des médecins résidents qui a duré des mois et pénalisé lourdement les patients. La situation était tellement insupportable au niveau des hôpitaux que des milliers d’interventions chirurgicales ont été ajournées. Revalorisation des salaires, régime indemnitaire sont souvent les revendications brandies par les syndicats autonomes.

Ces grèves de trop, succédant l’une à l’autre, sont de nature à provoquer la colère des parents d’élèves et des patients. Quand il s’agit d’une grève des transports, c’est les voyageurs qui sont laissés sur le carreau. Ce à quoi il faut ajouter l’absence, sinon le refus, d’observer un service minimum, y compris dans les hôpitaux. L’obligation du service public est loin de trouver sa signification dans certains secteurs, surtout l’Education et la Santé. La notion de «service public» n’est qu’un slogan creux.

Yazid Madi