Santé, éducation et transports,Les trois feux rouges

Santé, éducation et transports,Les trois feux rouges

Syndicats et organisations autonomes menacent de mener des actions d’envergure nationale.

Plus d’un million de travailleurs sont sur le front de la contestation. Cette colère repose, principalement, sur trois leviers: la santé, l’éducation et les transports.



Le secteur de la santé est en ébullition. Le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) entame, dès aujourd’hui, «une grève nationale et illimitée». C’est ce que rapporte un communiqué parvenu hier à notre rédaction. Plus de 125.000 paramédicaux montent au créneau. Ils revendiquent la promulgation «du statut particulier» et l’application des «décisions de réintégration des cadres syndicaux suspendus». Le SAP répond, ainsi, du tac au tac au ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Dr Djamel Ould Abbès.

«Le ministère lance un appel solennel à l’ensemble des paramédicaux pour les informer que leurs préoccupations ont été officiellement prises en charge et qu’ils doivent accomplir honorablement leur mission dans l’intérêt du malade», a-t-il lancé, hier, lors d’une visite d’inspection à l’hôpital Djilali-Belkhenchir, dans la capitale. Cela dit, il a encore une fois qualifié cette grève d’injustifiée et d’illégale.

Le débrayage des paramédicaux intervient trois jours après la fin des assises sur la santé qui se sont déroulées, en l’absence du SAP, du 3 au 5 du mois en cours, à Alger. Elles ont connu, dès l’ouverture, le retrait du Syndicat des praticiens généralistes (Snpsp), des spécialistes (Snpssp), des hospitalo-universitaires et docents et de l’ordre des médecins. Ces trois corps représentent plus de 60.000 personnes. Ils dénoncent l’absence de débats autour du projet de la nouvelle loi sur la santé.

Le secteur de l’éducation connaît, également, une contestation qui s’amplifie. Près de 560.000 travailleurs haussent le ton. Il s’agit de 516.000 agents des corps communs et 40.000 adjoints d’éducation. «Nous n’allons pas nous laisser faire», a averti, hier, Abdelhakim Aït Hamouda, secrétaire du bureau d’Alger du Syndicat national des travailleurs de l’éducation (Snte). Ce syndicat a été empêché, dimanche, d’observer un sit-in devant le siège du ministère à Alger. Les représentants des corps communs ont désigné des délégués qui ont été reçus par le secrétaire général Abderrahmane Khaldi. «Le secrétaire général a rejeté notre plate-forme de revendications.»

Le département de Boubekeur Benbouzid considére que les revendications des corps communs relèvent du ministère du Travail. Pour leur part, les adjoints d’éducation ne décolèrent pas. «Nous maintenons notre rassemblement prévu le 14 de ce mois, devant le ministère de l’Education nationale», a insisté M.Ferkati, coordinateur national du syndicat de ces adjoints.

Ces derniers affirment qu’ils ont été reçus en début de ce mois par M.Khaldi. «Le secrétaire général nous a déclaré que nos revendications seront soumises au Premier ministre», a souligné M.Ferkati. Le département de Benbouzid l’entend-il de cette oreille? Nos tentatives de joindre la cellule de communication du ministère sont restées vaines. Un autre secteur qui vit au rythme de la protestation. Il s’agit de trois créneaux: les transporteurs, les taximen et les moniteurs d’auto-école.

Ils représentent plus de 300.000 intervenants dans ces secteurs. «Nous attendons la fin février. Si le ministère ne répond pas à nos doléances, nous entamerons une grève nationale», a menacé récemment le président le la Fédération nationale des transporteurs des voyageurs et de la marchandise (Fntvm). Cette fédération représente plus de 144.000 travailleurs. Les taximen ne sont pas en reste. Ils sont 140.000 a crier leur désarroi. La Fédération nationale des chauffeurs de taxi (Fnct) a menacé, par le biais de son président, Hocine Aït Braham, de s’aligner sur la position de la Fntvm. Même son de cloche à la Fédération nationale des auto-écoles (FNA).

Le pays risque d’être paralysé dans le cas où ces fédérations mettaient leurs menaces à exécution. Cela ne semble pas inquiéter, pour autant, les responsables du ministère des Transports. Nous avons essayé, à maintes reprises, de les joindre, sans résultat. La colère qui couve dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des transports risque de provoquer un embrasement général.

Mohamed Sadek LOUCIF