L’exercice du droit de grève a souvent des répercussions sur une partie de la population étrangère au conflit. Depuis des mois, les citoyens sont pris en otages par plusieurs conflits qui leur rendent la vie plus dure qu’elle l’est déjà.
Combien de préjudices et de désagréments sont causés entre un débrayage et un autre, sachant que l’intervalle est souvent court, surtout que les syndicats et leurs tutelles ne sont jamais d’accord sur telle ou telle revendication.
De plus, la grève est devenue l’expression d’un rapport de forces où souvent le gage est pris au détriment des citoyens qui, cette fois-ci, en ont marre et l’idée de la constitution d’un front antigrève commence à mûrir sur les réseaux sociaux. Les internautes d’ailleurs ne cessent de dénoncer cette prise d’«otages».
Qu’ils soient parents, élèves, malades ou simples usagers. Tous embarqués dans les conflits des syndicats voulant faire pression sur le gouvernement.
Evidemment, ces syndicats misent sur les secteurs névralgiques qui touchent directement le citoyen mais ce dernier risque de ne plus prendre en sympathie tous ces protestataires et leurs revendications aussi légitimes soient-elles.
Et si certains des mouvements de débrayage entamés ne touchent pas directement le citoyen ou encore ne concernent qu’une partie de la population sans toutefois parler des conséquences économiques et des pertes engendrées, d’autres impliquent toute la société, comme c’est le cas de la santé et de l’éducation.
Les patients sont les premières victimes à faire les frais et se faire soigner dans nos hôpitaux actuellement relève de la mission quasi impossible.
Le personnel médical renoue avec le débrayage, à travers les structures sanitaires dans plusieurs wilayas.
Les centres de soins ont été fermés devant les patients et des dizaines voire des centaines de malades attendent vainement devant les hôpitaux.
Ceux qui se déplacent de l’intérieur du pays pour des consultations sont forcés de rebrousser chemin. Irrités par le report des rendez-vous.
La colère monte d’un cran notamment pour les malades lourds comme les cancéreux. Les exemples sont légion et «il faut user de tous les moyens pour obliger le personnel médical à vous administrer le médicament», comme a tenu à témoigner une patiente qui a souffert jeudi au niveau du centre Pierre et Marie Curie pour maintenir son rendez-vous de chimiothérapie.
Cette dame a réussi à s’imposer face à l’«immoralité» de ce personnel mais a été prise en charge sur une table !
«Tout ce qui est froid n’est pas pris en charge, nous ne traitons que les cas urgents», a indiqué un paramédical. Malgré cela, les responsables au niveau des différentes directions ainsi que les porte-parole des syndicats de la santé affirment assurer un service minimum «mais quel service minimum dites-vous ?
Quand vous travaillez normalement vous ne faites déjà que le minimum», s’écria le parent d’un enfant qui devrait être hospitalisé au niveau de l’hôpital El Mansourah de Constantine.
Les malades ignorés
Les malades ne sont pas examinés. Il n’y a pas de contrôle ni de suivi, les rendez-vous ne sont pas honorés.
«Sous d’autres cieux, le personnel médical et paramédical fait l’impossible pour gagner la confiance et l’estime du malade. Chez nous, c’est le contraire», souligne un autre malade à qui on a signifié le report de son rendez-vous au CHU de Constantine.
Un autre exemple de grève où le citoyen perd tout contrôle de la situation, il s’agit du débrayage des fonctionnaires des APC qui pénalise des centaines de personne.
En temps normal déjà, on a du mal à retirer des actes de naissance ou d’autres papiers sous prétexte qu’il y a une pénurie d’imprimés, alors si ce n’est pas le manque d’imprimés, c’est la grève.
«Et tous ces préjudices, qui va les payer ?», s’interrogea un retraité rencontré devant le siège de l’APC de Constantine. «On ne sait plus à quel saint nous vouer, tout le monde fait la grève, cela devient par la force des choses une anarchie pour laquelle nous voulons voir des réactions plus consistantes de la part du gouvernement», a-t-il précisé.
Ilhem Tir