Le président de la Société algérienne denéphrologie, dialyse et transplantation, le Pr. Tahar Rayane, a indiqué hier au forum d’El Moudjahid que «seulement 1.000 greffes rénales ont été réalisées depuis 1986 pour des patients algériens souffrant d’insuffisance rénale chronique terminale, dont 600 effectués au niveau national».
Il a commenté ce bilan en estimant que «ce chiffre devrait représenter la moyenne annuelle de ces greffes».
L’intervenant a déploré le caractère préoccupant de l’augmentation régulière du nombre de malades atteints de cette pathologie, dont de nouveaux cas de malades présentant une insuffisance rénale terminale, qui nécessite un traitement soit par dialyse ou par transplantation, et dont le nombre est estimé à 3.500 cas par an.
Le Pr. Rayane a souligné que la prévalence de l’insuffisance rénale chronique terminale en Algérie a atteint 408 personnes par million d’habitants en 2009.
Toutefois, il a souligné que le pays a connu un essor important dans le traitement de la maladie par le développement des méthodes substitutives de la fonction rénale.
Dans ce contexte, il a indiqué que 13.000 patients bénéficient actuellement de ce traitement dans plus de 270 centres de dialyse répartis sur l’ensemble du territoire national, ajoutant que près de 400 patients sont traités par dialyse péritonéale.
Tout en déplorant le fait que le traitement par transplantation rénale, qui constitue la meilleure méthode thérapeutique, ait été délaissé au profit de techniques plus onéreuses (hémodialyse et dialyse péritonéale), le spécialiste a appelé les parties impliquées dans la prise en charge de cette affection à l’élaboration d’un plan national de l’insuffisance rénale chronique.
Ce dernier qui sera précédé, selon lui, par la mise en place d’un registre national de l’insuffisance rénale chronique, permettra de mesurer en terme de prévalence, la répartition actuelle des patients selon les différents modes de traitement (dialyse et greffe), d’estimer l’incidence de la maladie et de connaître les principales étiologies et d’apprécier les besoins futurs.
Le plan proposé permettra également d’établir une carte sanitaire afin de mettre un terme à l’ouverture anarchique des centres d’hémodialyse dans le secteur libéral et de mieux évaluer la qualité de prise en charge.
Le professeur a rappelé que les principales causes des insuffisances rénales chroniques sont l’hypertension artérielle et le diabète et que le souci majeur actuel concerne la qualité de la prise en charge des patients et de la sensibilisation.
Il a déclaré à ce propos: «il ne faut pas seulement traiter ces malades, mais, aussi, s’occuper de leur qualité de vie».
Il a relevé qu’il y a «des dérives dans beaucoup de centres d’hémodialyse, notamment ceux relevant du secteur privé», avant de commenter que l’ouverture de ces centres doit être organisée, évaluée et contrôlée».
Par ailleurs, le Pr. Rayane a estimé à presque 6 millions, les Algériens qui présentent un risque d’atteinte rénale et à 1,5 million le nombre de ceux qui ont une maladie rénale chronique, précisant que cette affection touche 20% des hypertendus, 30% des patients dyslipidémiques, 25% des sujets âgés de plus de 60 ans et 60% des patients traités contre un cancer.
Le professeur Rayane s’exprimait dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale du rein, qui coïncide avec le 11mars de chaque année, et à l’occasion de la commémoration du trentième anniversaire de la création de la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation.
Salah C.