Non dénombrés, sans aide sociale, sans structures adaptées pour eux ni soutien pour les leurs, ces malades sont les orphelins de la santé.
Demain, sera inaugurée la première maison d’accueil pour malades atteints de cancer à Blida. A l’initiative de l’association caritative El Badr, cette structure vise les malades aux ressources limitées qui pourront bénéficier des soins nécessaires pendant les six semaines de leur traitement au centre anticancer de la wilaya de Blida. En bref, cette maison qui a été construite grâce à des dons personnels, se veut comme un relais entre le doux foyer de chaque patient et l’hôpital qui en dépit de son efficacité médicale reste un lieu impersonnel où habituellement le patient doit rester pour se soigner. Que dire de cette démarche si ce n’est qu’elle est incontestablement louable. Surtout si elle propose aussi des séances de psychothérapie de groupe pour les malades et leurs familles pour pouvoir surmonter cette épreuve et garder l’espoir et le moral. Deux ingrédients qui bien qu’ils soient primordiaux en pareilles circonstances ont cependant tendance à y faire défaut. Il faut dire qu’il n’y a pas que ce genre de pathologie qui a besoin de pareil relais. D’autres aussi ont en besoin et le ministère de la Santé a tout à gagner à mettre en place pareilles structures pour toutes les maladies chroniques dont les neurodégénératives qui sont aussi éprouvantes pour le malade que son entourage. D’autant que les répercussions sur la famille se traduisent par d’autres maladies qui augmenteront la facture de la sécurité sociale. Ainsi et face aux moyens matériels et humains que recèle l’Algérie dont la rente pétrolière et les spécialistes dans les différents domaines de la santé (à l’éxeption de la gériatrie, ndlr), la mise en place de pareilles structures d’accueil sera bénéfique à plus d’un titre pour notre pays dont la population a tendance à gagner en longévité. Selon les médecins, l’espérance de vie de l’algérien a augmenté d’un trimestre. Un gain qui doit être étudié sous toutes ses coutures, particulièrement sous celle du sélénite porteur de risques de démence. Parmi ces dernières, la maladie d’Alzheimer vient en tête de liste. On en a dénombré jusqu’à 37 millions de personnes atteintes dans le monde. Ces chiffres devraient augmenter selon des experts américains pour atteindre les 115 millions à l’horizon 2050. En Algérie, cette population de malades demeure encore inconnue et malgré toutes les richesses dont regorge le pays, leur prise en charge et leur évaluation sont ignorées ; ils vivent dans la souffrance et l’indifférence totale.
Par Djaouida A.
Entretien avec le Dr Si Salem Boualem*
Le Jour d’Algérie : Les maladies neurodégénératives figurent parmi les pathologies dont
les chiffres sont en augmentation dans le monde. Q’en est-il chez nous ?
Dr Si Salem Boualem : Les études épidémiologiques ne sont pas assez développées en Algérie et donc nous ne disposons pas à ce jour de chiffres précis.
Avons-nous des centres ou services spécialisés dans ces maladies ?
Oui ! Ce sont des cellules de neurologie, mais beaucoup plus à tendance psychiatrique.
Aux maladies neurodégénératives sont assimilées plusieurs pathologies, quelle est la plus répandue en Algérie ?
La maladie d’Alzheimer.
Comment se fait la prise en charge ?
La prise en charge de ce genre de pathologie est un vrai problème dans la mesure où elle nécessite le concours de plusieurs disciplines : neurologique, psychiatrique et une prise en charge sociale.
Existe-t-il des centres ou institutions de jour pour aider ces malades à maintenir leurs capacité cognitives et aussi pour soulager les familles et surtout le référent comme cela se fait ailleurs ?
Ce genre de structures n’existe pas chez nous. Ce qu’on propose c’est de recevoir les malades et les traiter. Pour soulager les familles, on leur explique ce qu’est cette maladie et son évolution puisqu’en Algérie c’est la famille qui prend en charge le malade.
En parlant de la famille et du référent quel rôle jouent-ils ?
Prépondérant ! C’est la famille et/ou le référent qui souffre d’ailleurs plus que le malade.
Et ces familles et/ou référent bénéficient-ils d’aides financières et de soutien psychologique pour prendre en charge leurs malades ?
En effectuant une évaluation, le médecin traitant peut conseiller la famille et/ou le référent pour bénéficier d’un soutien psychologique dont les structures existent. Côté matériel, dès confirmation de la maladie, le patient bénéficie d’une pension certes ! Cependant, elle reste rédhibitoire face aux dépenses que nécessite le malade.
Entretien réalisé par D. A.
Dr Si Salem Boualem* : Médecin psychiatre à l’hôpital Fernane-Hanafi de
Tizi Ouzou