La qualité de l’accueil, la prise en charge, les conditions de travail déplorables à l’origine d’une hémorragie incessante de nos médecins…, autant de carences et d’autres telles que la vétusté des équipements, qui font que le secteur se porte très mal. Le nouveau premier responsable du secteur réussira-t-il, là où ses prédécesseurs ont échoué ? Selon l’ordre national des médecins, aucun ministre de la Santé ne peut venir à bout de ces problèmes s’il ne travaille pas en concertation avec tous les acteurs concernés.
Les politiques mises en route par les différents ministres qui se sont succédé à la tête du secteur n’ont, à ce jour, pas été à la hauteur de cet enjeu national. Selon Mohamed bekkat Berkani, président de l’ordre national des médecins, qui s’est exprimé ce matin à la chaîne trois de la radio nationale «une loi sanitaire engage le pays sur 20 ans.
Il faut absolument faire de la politique de santé un exemple de démocratie en faisant la promotion de consultations et aussi de procédures de codécisions». Ainsi et selon lui, seul l’échec, en bout de course, peut attendre le premier responsable du moment au niveau du ministère de la Santé qui tente de faire passer ses idées sans prendre le temps de consulter les divers acteurs concernés par la question. «Toutes les tentatives de reformes ont échoué pour la simple raison que jamais il n’a été tenu compte des premiers concernés (citoyens, médecins et autres acteurs du secteur)».
Et le statu quo que vit le secteur de la santé ces dernières années n’en est que la preuve la plus flagrante. Il en ressort que la révision de la loi sanitaire qui date de 1985 est un «impératif».
D’autant qu’elle est complètement dépassée au vu des divers changements dans le contexte de la santé au niveau national.
On ne compte plus les agressions de médecins dans les services des urgences. Ces derniers, sont souvent désignés comme seuls responsables de tous les tracas et malheureusement parfois des malheurs que peut vivre le citoyen. Des conditions qui poussent nombre d’entre eux à aller chercher de meilleures conditions de travail à l’étranger. «L’Algérie continue de perdre ses médecins», dira-t-il.
Il ajoutera qu’ «il faut absolument dans notre pays, qui a des ressources financières et un modèle social qui est déterminé, que le système garantisse la prises en charge de tous les citoyens, quel que soit leur niveau de vie et ce, dans les meilleures conditions».
En outre, «c’est la qualité de l’accueil, la qualité de la prise en charge au début, qui vous fait valider un système de santé publique», insistera-t-il. Or, force est de constater qu’en la matière, le chemin à parcourir est encore long.
Ainsi, Mohamed bekkat Berkani, estime que l’Algérie se doit de revoir sa copie en termes de gestion de la santé publique. «L’Algérie accorde 5 % de son PIB à la santé alors même qu’un pays comme la Tunisie, qui est bien plus petit et absolument pas comparable en termes de ressources financières, lui consacre 7 %, sans parler des 10 % des pays occidentaux».
Il estimera enfin qu’«il n’est pas normal que le citoyen, quand il veut faire une intervention chirurgicale, pense d’abord au privé et cela, même au plus haut niveau de l’Etat».
L.S