Depuis ces deux dernières années, il y a une nette amélioration au niveau de l’établissement hospitalier public Mohamed-Boudiaf de Bouira.
Le mérite est partagé entre plusieurs partenaires. La direction de la santé et la direction de l’établissement sont en première ligne. Cet établissement de 240 lits a pataugé dans une anarchie totale pendant plus de 20 ans. Les lieux ne donnaient point l’impression d’une structure d’accueil aux malades. L’arrivée d’un directeur, ex-cadre au ministère, décidé à donner un grand coup de pied dans la fourmilière n’ a pas été du goût de tous. La cause est évidente.
Tant que l’établissement public n’assurera pas son devoir, le privé se remplira les poches. Le service le plus vétuste était celui de la maternité. A un moment donné, les chirurgiens faisaient plus de césariennes que les spécialistes, gynécologues obstétriciens. Pendant 20 bonnes années, la maternité de Bouira n’avait pas de spécialistes. Aujourd’hui, cette structure dispose de sept gynécologues qui assurent les gardes mais aussi les consultations.
Dans son action pour remettre à niveau cette importante structure, les responsables ont réalisé un service d’oncologie. Bouira reste l’une des wilayas qui compte le plus de cancéreux au niveau national. Le service d’anapatologie ouvrira ses portes dès la fin de ce mois de septembre. Beaucoup de matériel déposé depuis des années dans les recoins de cet hôpital a été récupéré.
Cet outillage coûte des milliards de centimes. «L’Etat algérien a mis les moyens pour une santé publique à la hauteur, mais sur le terrain, beaucoup reste à faire pour rentabiliser et donner au patient une prise en charge convenable» nous dira le directeur. «Nous sommes pourvus d’une mission et seule sa concrétisation nous intéresse», ajoutera le directeur. Cette réponse à une question relative au conflit qui oppose ce cadre à certains fonctionnaires et la découverte d’une bombe lacrymogène dans les locaux de la section syndicale, (information rapportée par la presse jeudi dernier), met un terme à toute polémique.
«Moi, je travaille avec toute personne animée d’une bonne volonté et plaçant l’intérêt du malade au-dessus de toute considération. Ceux qui n’adhérent pas à cette ligne de conduite ne sont pas les bienvenus parmi nos administrés qui se donnent à fond pour faire de l’EPH un lieu de santé publique et rien d’autre», conclura le directeur. Plus globalement et concernant le secteur de la santé à Bouira, il est bon de rappeler que la wilaya compte 1086 lits pour une population estimée à 747.872 habitants. Ces places sont réparties à travers cinq hôpitaux, 33 polycliniques et 138 salles de soin.
Les personnels sont au nombre de 3387 dont 151 spécialistes, 397 médecins généralistes, 113 chirurgiens-dentistes et huit pharmaciens. Tous les chiffres communiqués par le responsable du secteur dénotent une nette amélioration comparativement aux années précédentes, surtout sur le plan de la lutte contre les épidémies et la prise en charge des insuffisants rénaux, de la santé scolaire et des malades chroniques.
Cet effort colossal pour relever un secteur plus que vital est confronté à un phénomène, hélas généralisé, le retard dans la réalisation des projets exemple d’une école, le projet d’un hôpital à Bordj Okhriss à l’extrême-sud de la wilaya et l’hôpital Mère et enfant de Bouira, qui se débattent dans des formalités administratives de résiliation, de reprise, de choix du terrain. La réalisation des blocs opératoires de l’hôpital Boudiaf connaît aussi un retard.
Un autre tracas freine l’essor du secteur. Là aussi, reste l’exemple de certaines polycliniques et salles de soins qui ne disposent pas de personnels. Celle de Bouderbala, daïra de Lakhdaria, inaugurée en 1987 qui, à ce jour, ne dispose ni d’un généraliste ni d’un dentiste pour n’être qu’une structure totalement dégradée et sans aucune utilité pour les 20.000 habitants de cette commune. L’EPH de Bouira doit bénéficier de radiologues pour mettre en ser-vice le centre d’imagerie.
La nomination d’un nouveau directeur de wilaya s’inscrit dans la volonté des pouvoirs centraux de remettre à niveau les structures publiques qui demeurent un sérieux concurrent au privé. Ce dernier ne se taira pas et essayera toujours de mettre les bâtons dans les roues pour pouvoir tirer profit de la situation qui prévaut.