La France ne fera pas acte de repentance pour la colonisation ou la guerre d’Algérie mais propose « un nouvel âge » dans les relations complexes qu’entretiennent les deux pays, a déclaré mercredi François Hollande en visite d’Etat à Alger.
« Ce que je veux définir avec l’Algérie, c’est un partenariat stratégique d’égal à égal et qui permette d’entrer dans un nouvel âge », a annoncé le président français après un entretien avec son homologue Abdelaziz Bouteflika.
Les deux hommes ont signé une déclaration commune dans laquelle ils s’engagent à mettre en oeuvre « un partenariat exemplaire et ambitieux ».
« La France et l’Algérie sont déterminées à ouvrir un nouveau chapitre de leurs relations, cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie », peut-on lire dans cette déclaration portant « sur l’amitié et la coopération ».

Cet accord prévoit une feuille de route sur cinq ans avec la mise en place d’un comité intergouvernemental qui sera présidé par les chefs de gouvernement des deux pays.
La France et l’Algérie promettent ainsi de « favoriser le plus largement possible la mobilité des ressortissants entre les deux pays », notamment en accélérant la délivrance des visas, et de renforcer leurs liens culturels et économiques.
Les deux pays devaient signer dans la soirée de mercredi une quinzaine d’accords de coopération, dont la construction d’une usine du groupe Renault .
NI REPENTANCE NI EXCUSE
François Hollande a tenu son engagement de ne pas faire de cette visite celle de la repentance et a souligné qu’une telle démarche ne lui était de toute manière pas demandée par Alger.
« Je ne viens pas ici, puisque ça n’est ni ce qui m’est demandé, ni ce que je veux faire, pour faire repentance ou excuse », a-t-il dit lors d’une conférence de presse.
« Je suis pas là pour ouvrir les placards mais construire une nouvelle maison », a-t-il lancé.
« Je viens dire ce qu’est la vérité, ce qu’est l’Histoire », a-t-il ajouté, après avoir jugé qu’il avait toujours été clair sur ce sujet: « vérité sur le passé, vérité sur la colonisation, vérité sur la guerre avec ses drames, ses tragédies, vérité sur les mémoires blessées ».
Le discours de François Hollande jeudi devant le Parlement algérien sera très écouté, les liens passés entre les deux pays, et notamment la guerre de décolonisation de 1954-1962 étant encore très présente dans les mémoires en France et en Algérie.
Afin de ne pas heurter les susceptibilités, chaque pays a fait des gestes d’apaisement, le président algérien ayant assuré à François Hollande qu’il avait donné des instructions à la justice pour aller jusqu’au bout de l’enquête sur l’assassinat des moines de Tibéhirine enlevés en mars 1996.
Le président français se rendra jeudi place Maurice Audin rendre hommage au militant communiste et indépendantiste mort selon sa famille entre les mains de l’armée française.
François Hollande a promis d’ouvrir les archives pour faire toute la lumière sur cet épisode obscur de la période coloniale.
La situation au Nord Mali a cependant montré les limites au rapprochement entre les deux pays.
Le président français a voulu minimiser les désaccords sur cette question et a vanté une « convergence de vues » malgré l’hostilité d’Alger à l’arrivée d’une force internationale de l’Onu chez son voisin.