Sans domiciles fixes La rue leur appartient

Sans domiciles fixes La rue leur appartient

Le ciel se montre plutôt généreux en arrosant copieusement, ces derniers jours, la capitale.

Après avoir franchi les différents obstacles : flaques boueuses, dalles branlantes et cracheuses, véhicules aspergeurs… le citoyen est bien heureux de rejoindre ses pénates bien au sec et loin de tous ces aléas.

L’on ne peut s’empêcher toutefois d’avoir une brève pensée pour les SDF :

familles ou individus lesquels suite à différents concours de circonstances se retrouvent à dormir à la belle étoile. Dans la capitale, d’un an à l’autre, le nombre de ces déracinés ne cesse d’augmenter de façon dramatique : malades mentaux, handicapés, familles entières sont là à arpenter à longueur de journée les rues ou pour certains rester immobiles au même endroit au point de faire partie du paysage. Entre les faux nécessiteux et les personnes réellement dans le besoin les citoyens préfèrent passer leur chemin en faisant mine d’ignorer toute cette misère étalée, qu’elle soit vraie ou simulée.

Des malades mentaux livrés à eux-mêmes

Faute d’une prise en charge efficiente un nombre de plus en plus important de malades mentaux se retrouve à errer sans but. Même si inoffensifs ces malades ont besoin d’une prise en charge. Ils restent exposés à tous les dangers de la rue et peuvent eux-mêmes représenter un risque pour le citoyen.

Ils sont partout : fouillant dans les poubelles pour se sustenter, aux abords des écoles, dans les cages d’escaliers des immeubles… Malheureusement il ne s’agit plus là du traditionnel « idiot du village ou du quartier » que tout le monde plus ou moins protège, mais bien de vrais malades mentaux qui devraient être au sein d’institutions spécialiés.

Des SDF en veux-tu en voilà !

Vous ne pouvez plus faire 50 mètres sans croiser des SDF bravant les intempéries. Ces personnes ont toutes des histoires, parfois tragiques, parfois banales, mais qui aboutissent toutes à cette existence d’errance à la belle étoile. Les différents maux sociaux, maladies… ont contribué à aggraver l’ampleur de ce phénomène. Ces familles sans toits ou ces solitaires ayant pour ciel de lit la voute céleste, tous sont unis dans le malheur.

Trouver où dormir la nuit, loin des regards méprisants qui ne cherchent, hélas, pas à comprendre, mais dans lesquels se lit la méfiance et les préjugés, est le souci quotidien de ces personnes comme nous, mais pour lesquelles tout a basculé un jour. Tant que le malheur touche les autres, chacun pense être à l’abri oubliant que le moindre problème, forte pression, licenciement ou autres aléas peut mener à une déstabilisation mentale et peut conduire à la rue !! Les témoignages dans ce sens sont légion, chacun a une histoire dont le point commun est bien la douleur atroce toujours présente.

Plusieurs SDF approchés nous narrent leurs tristes histoires : «Je me suis retrouvé à la rue avec ma femme et mes trois enfants il y a déjà trois ans. Je n’ai pas pu continuer à payer les frais de loyer, le propriétaire m’a mis à la porte de ce qui était mon foyer. Après des milliers de plaintes auprès des autorités locales d’Alger- Centre pour tenter d’avoir un logement social, voilà où j’en suis aujourd’hui « , nous confiera Mohamed, un père de famille qui occupe une ruelle de Messonier avec sa petite famille.

Plusieurs histoires menant toutes à la rue

Un autre cas, celui d’une jeune femme divorcée avec un enfant et qui après avoir transité par plusieurs centres d’accueil, n’a trouvé que la rue et les cages d’escaliers des immeubles d’Alger-Centre pour y abriter son enfant. « Je viens de l’est du pays, mon mari m’a mis à la porte du toit conjugal. Ma famille a refusé de m’accueillir avec mon enfant, je me suis donc retrouvée sans ressources avec un enfant à nourrir et à élever », nous dit-elle.

Il est à noter que les locataires des immeubles squattés par ces SDF ne sont pas ravis de cette encombrante présence, et à maintes reprises engagent des actions pour les en déloger.

L’argument étant que ces personnes seraient dangereuses et nuiraient à la quiétude des occupants.

« Cette attitude vis-à-vis de ces personnes, qui n’ont pas choisi d’être sans domicile, est quelque part légitime, même si contestable d’un autre côté, ces habitants craignent les problèmes que peuvent leurs causer ces personnes , nous dira une dame qui estime que laisser un SDF «habiter» la cage d’escaliers comporte des risques.

Par : CHAFIKA KAHLAL