Le secteur des transports n’est pas près de sortir de la zone de turbulences qu’il traverse depuis quelques jours.
Grève à Air Algérie, débrayages cycliques des cheminots de la SNTF, grève de la faim des travailleurs de l’Entreprise du transport urbain et suburbain (ETUSA), malaise chez les transporteurs de voyageurs de la wilaya de Tizi-Ouzou… Le secteur de Amar Tou est dans l’œil du cyclone. Ainsi, il n’y a pas que les travailleurs du secteur qui se plaignent de la mauvaise gestion du secteur et la dégradation totale de leurs conditions socioprofessionnelles, car les clients et les voyageurs, eux, souffrent en silence. A ce jour, l’Algérie n’arrive pas à mettre en place un plan transport digne de ce nom.
Circuler en voiture, prendre le bus ou le train à Alger, s’apparente chaque jour un peu plus à une épreuve à laquelle ne résistent que des caractères bien trempés, des nerfs d’acier et une santé des plus solides. La circulation routière dans la capitale est un problème qui perdure depuis plusieurs années, faute d’expansion du réseau routier, mais aussi d’une politique et une stratégie de transport claires.
Est-il possible de se déplacer à Alger en bus, sans se heurter à telle ou telle situation de désolation ? Est-il concevable qu’Alger plonge dans une morosité inscriptible à partir de 20h, en raison du manque de moyens de déplacement ? Est-il acceptable qu’on 2011 tous les moyens de transport s’arrêtent à 19 heures ? À ce titre, il faut souligner que le transport est la colonne vertébrale de toute politique de développement, qu’elle soit économique ou touristique. Malheureusement, ce secteur demeure le maillon faible de cette chaîne de développement.
Ainsi, il suffit uniquement de se rendre à une station de bus, n’importe quelle destination, pour se rendre compte de la grande anarchie qu’affichent les transporteurs et pour décrire les conditions réservées aux usagers surtout de certains bus et minibus de transport privé. Depuis le temps qu’à Alger les citoyens dénoncent la mauvaise organisation du transport en commun et, avec eux, les transporteurs eux-mêmes (les chauffeurs de bus, de taxis urbains…) qui demandent à ce que l’Etat les soutiennent aux plans financier et organisationnel, rien de tangible n’est constaté sur le terrain pour améliorer les choses. La même situation de désarroi perdure… et les grandes chaleurs ne sont pas pour arranger les choses.
Insalubrité, anarchie, absence d’abribus et de toilettes publiques, vétusté des véhicules… nos stations de bus offre une image désolante au quotidien. Les usagers du transport en commun souffrent le martyre pour arriver à la destination de leur choix. Leur souffrance est d’autant plus grande que, pendant ces longues journées d’été, des embouteillages interminables s’ajoutent à une longue attente sous un soleil de plomb. Rejoindre certaines destinations de la capitale relève du parcours du combattant. En effet, plusieurs localités ne sont pas desservies par les transporteurs privés ou publics. Outre le manque de bus, le comportement de certains chauffeurs et receveurs est tout simplement scandaleux. En attendant que le métro soit opérationnel (il est annoncé pour le mois de novembre prochain), les usagers des bus doivent prendre leur mal en patience. Les usagers des trains ne sont pas mieux lotis, puisqu’ils sont confrontés à plusieurs contraintes, malgré les efforts de l’Etat et la mise en circulation de nouveaux trains. Les voyageurs, notamment ceux qui empruntent en fin de journée les trains de banlieue, sont quotidiennement confrontés à des aventures au cours desquelles il leur arrive d’assister à des agressions à l’arme blanche, quand ils n’en sont pas eux-mêmes victimes. A côté de cela, les retards accusés régulièrement par les trains deviennent une banalité.
Les grèves spontanément initiées et sans aucun préavis de grève par les travailleurs de la SNTF pénalisent les voyageurs à plus d’un titre. S’agissant du transport aérien, les avions de la compagnie nationale Air Algérie sont rarement à l’heure. Des retards de presque 10 heures qui n’honorent pas Air Algérie et ternissent l’image du pays, sont signalés. Vu que l’économie et le transport sont étroitement liés, on ne peut plus fermer les yeux sur l’état catastrophique du transport en commun en Algérie, véritable moteur de développement.
Par Hocine Larabi