Ces toutes dernières années, des affaires de corruption impliquant des élus locaux ont éclaté de façon vertigineuse partout dans le pays. Une première en Algérie. Selon des sources sûres, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, a saisi à travers «un courrier urgent» l’ensemble des walis à l’échelle nationale pour instaurer de nouvelles mesures régissant les déplacements à l’étranger des élus du peuple, siégeant dans les assemblées locales et de wilayas.
Selon ce courrier sous le numéro d’enregistrement «23895/901», «tous les élus siégeant que ce soit dans les Assemblées communales ou les assemblées de wilayas, ainsi que leur adjoints, doivent demander au préalable une autorisation auprès du ministère de l’Intérieur afin de pouvoir quitter le territoire national», lit-on dans le document. Désormais, aucun élu du peuple, hormis ceux de l’Assemblée populaire nationale ne peut quitter le pays sans l’aval du ministère de l’Intérieur. Mais qu’est-ce qui motive cette nouvelle instruction?
Si on fait une simple rétrospective sur la gestion des assemblées élues depuis 2002, l’on peut sans doute trouver quelques éléments, pour le moins frappants, des motivations de cette décision.
Ces toutes dernières années, des affaires de corruption impliquant des élus locaux ont éclaté de façon vertigineuse partout dans le pays. En juin 2012, deux présidents d’APC de la wilaya de Boumerdès ont été relevés de leur fonction sur décision du wali. Le maire de Tidjelabine, est un «indépendant» qui se fait élire régulièrement à la tête de la municipalité depuis trois mandats. Il a été accusé «de non-respect de la réglementation en vigueur dans la gestion des affaires de la cité». Le second est maire de Si Mustapha, on lui reprocherait de n’avoir pas respecté le Code des marchés.
Toujours en 2012, le maire de la commune de Ghazaouet, le secrétaire général et l’une des adjointes en plus d’autres personnes inculpées au nombre de 22, ont été traduits devant la justice suite à l’enquête qui a été menée par les services de la sûreté touchant de près le maire et ses associés dans des affaires de dilapidation de deniers publics. En mars 2013, la wilaya de Tizi Ouzou a connu une situation inédite. La justice a condamné trois ex-maires à des peines de 7 à 10 ans de prison ferme. Elle fait monter les peines à sept ans contre Omar Cherak, Cherif Aït Ahmed et Arezki Bensalem. Un quatrième, Taleb Ahmed a été jugé par contumace. En fuite et déjà condamné par le tribunal criminel de Tizi Ouzou dans une affaire de dilapidation de foncier.
Des condamnations qui mettent à nu la gestion des mairies et permettent aux populations de se faire une idée des raisons qui font que leurs régions ne parviennent pas à sortir la tête de l’eau en matière de sous-développement. Rien que ces six derniers mois, de plus en plus de maires sont traduits devant les tribunaux pour de graves affaires de corruption, de dilapidation.. etc.
En décembre dernier, les élus de l’APC de Bir Mourad Raïs ont dénoncé la mauvaise gestion du président de l’APC. Il y a moins de deux mois, dans la commune de Chehaima relevant de la daïra de Aïn Dheb, 45 km au sud de Tiaret, plusieurs personnes impliquées dans une affaire de faux et usage de faux ont été condamnées à la prison. Les principaux accusés sont le subdivisionnaire de l’urbanisme, l’ex-maire, un agent de l’APC et une entreprise de réalisation.
En fait, les motivations de cette nouvelles instruction du ministère de l’Intérieur n’est autre que de faire barrage à tous les élus impliqués de loin comme de près à des affaires scabreuses.
Dorénavant, les élus impliqués ou poursuivis en justice doivent subir la justice sans pouvoir la fuir. Wait and see…