La big pharma française, Sanofi Aventis, entend opérer un redéploiement stratégique. Pour cela, le groupe compte sur l’apport d’une compétence avérée dans le secteur de la santé. Sanofi Aventis a donc misé sur Elias Zerhouni.
Nommé en février 2009 au comité scientifique auprès de Christopher Viehbacher, le directeur général de Sanofi-Aventis, l’Algéro-américain entre aujourd’hui au comité exécutif et au comité de direction du groupe et remplacera, à compter du 1er janvier 2011, Marc Cluzel, l’actuel vice-président exécutif pour la R&D.
La nomination d’Elias Zerhouni est une carte joker pour Sanofi Aventis qui veut réorganiser son portefeuille pour compenser l’effet de l’expiration de brevets. Nomination qui a été, d’ailleurs, » saluée » par la Bourse, le titre ayant gagné 0,80%. Dans ce sens, Christopher Viehbacher a indiqué qu’ »Elias Zerhouni a su conseiller Sanofi Aventis de manière pertinente et a joué un rôle essentiel dans l’implémentation de ce qui est désormais un des modèles de R&D les plus prometteurs dans le monde de la santé ». Aussi, les réseaux qu’a su tisser Elias Zerhouni tout au long de sa carrière pourrait être très utiles à la big pharma.
Cet algéro-américain, qui plus est francophone, a occupé des postes des très haut niveau aux Etats-Unis. Elu membre de l’Institut de médecine de l’académie des sciences des Etats-Unis , il est nommé, en mars 2002, par le président des États-Unis, George W. Bush, directeur général des instituts de santé nationaux (NIH). Il démissionnera de son poste en 2008. Elias Zerhouni a donc une connaissance approfondie du marché américain de la santé.
De quoi ouvrir des portes pour le groupe pharmaceutique français au moment où il opère une offre publique d’achat sur la société de biotechnologie américaine Genzyme. Le groupe doit ainsi reconstituer son portefeuille de médicaments – son « pipeline » – d’où son intérêt pour Genzyme qui a, pour l’instant, repoussé ses approches. Dans ce contexte, l’analyste RBS estime que « Sanofi est confronté à la faiblesse de son portefeuille de médicaments. La nomination de quelqu’un de nouveau pour renouveler radicalement ce portefeuille est une bonne décision ».
Au-delà de ses rapports avec l’Amérique du Nord, Elias Zerhouni entretient des liens très étroits avec son pays d’origine, l’Algérie. Nommé, en 2009, par le président Barack Obama, émissaire de l’administration américaine en Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour la coopération scientifique, le Dr Zerhouni a apporté sa contribution, en octobre 2009, à la création de la fondation algéro-américaine pour l’éducation, la science et la technologie. Il est clair que Sanofi Aventis affiche actuellement un intérêt accru pour le marché algérien qui importe 70 % de ses besoins en médicaments.
Le groupe pharmaceutique français, représenté par une filiale en Algérie, devrait d’ailleurs annoncer un investissement de 80 millions d’euros dans un projet industriel à Sidi Abdallah, d’une capacité de production de 100 millions d’unités par an. Aussi, Sanofi-Aventis Algérie a décidé de doubler son capital pour produire du générique en Algérie. Et ceci après avoir réactivé son accord de partenariat avec le groupe public Saidal dans la production du générique fin janvier dernier. Il faut rappeler, dans ce contexte, que Saidal et Sanofi-Aventis ont relancé leur filiale commune Winthrop Pharma Saidal (WPS), dont la direction a été confiée à Bernard Faude.
Samira G.