Samsung et Hyundai : Cheikh Sidi Ben Merzouk n’a pas vu le missile Unaoil sur Khelil

Samsung et Hyundai : Cheikh Sidi Ben Merzouk n’a pas vu le missile Unaoil sur Khelil

n-CHAKIB-KHELIL--LA-ZAOUIA-large570.jpgPlusieurs milliers de courriers électroniques ont été traités durant six mois d’investigation par les journalistes. Ils livrent des secrets très au-delà de tout ce qu’ils étaient prêts à imaginer au début de leur enquête.

Unaoil a participé à l’obtention de plusieurs centaines de milliards de dollars de contrats dans l’industrie pétro-gazière mondiale. En identifiant les donneurs d’ordre sur les fonds publics clients de l’industrie pétrolière, et surtout en organisant un réseau de versement de pots de vins qui permettent aux entreprises qui sollicitent les services de Unaoil d’obtenir les marchés. Immanquablement, Sonatrach de l’ère Chakib Khelil est dans la nasse.

Le premier de la série d’articles (sur le modèle wikileaks ?) du Huffington Post USA et de Fair Fax Media, évoque deux affaires précises. Le contrat Hyundai pour la réhabilitation et l’extension de capacités de la raffinerie de Arzew de juillet 2008 et le contrat Samsung pour à peu près le même plan de charge sur la raffinerie de Skikda. Unaoil a versé des pots de vins par dizaines de millions d’euros pour permettre aux deux géants sud-coréens d’obtenir ces deux marchés pour un montant global dépassant les 1,7 milliard de dollars.

L’enquête révèle que Samsung et Hyundai ont organisé une fausse concurrence sur les deux appels d’offres d’Arzew et de Hyndai. Unaoil les a aidé à trouver et payer une tierce partie, l’espagnol Technidas Reunidas, pour faire une offre factice visant à faire gagner Hyndai à Arzew (405 millions de dollars).

Chakib Khelil n’est pas cité à ce stade des révélations. Le huffington Post et Fair Fax Media parlent des responsables de Sonatrach. En 2008 (Hyundai) et en 2009 (Samsung) il s’agit nominativement de Mohamed Meziane. Chakib Khelil a assisté le 04 juillet 2009 à la cérémonie de signature du contrat avec Samsung pour la raffinerie de Skikda (1,279 milliard de dollars).

La configuration juridique est elle la même que pour l’affaire Eni-Saipem ? Les signataires de Sonatrach et Naftec ont-ils choisi un partenaire fournisseur (en EPC) plus cher sur ordre non écrit du ministre comme l’a affirmé dans le cas du contrat Saipem, Benamar Zenasni ancien vice président de Sonatrach en charge du transport par canalisation ?

Le fil qui mène à Chakib Khelil dans cet arrosage sans précédent dans l’histoire du pays, passe par la traçabilité du système de paiement des commissions et des rétro-commission. Le pouvoir politique à Alger cherche à couper ce fil dans l’affaire Saipem. Les virements de Pearl Parteners la société écran de Farid Bedjaoui, inscrite à Hong Kong, vers les proches de Chakib Khelil ont fondé le mandat d’arrêt contre lui de août 2014.

Avant d’être manifestement expurgés du dossier. Dans le cas de Unaoil, le traçage des pots de vins promet de tenir en haleine à nouveau les protecteurs de Chakib Khelil. Ce nouveau scandale Sonatrach recèle la même ADN que les précédents. Ceux de BRC en 2006 ou de ENI-Saipem en 2008. Sonatrach et l’Etat algérien, achètent plus cher un équipement à un fournisseur qu’une « main invisible », côté algérien, a choisit.

Les procédures de justice et les audiences publiques des procès Sonatrach ont donné un nom à cette main invisible : Chakib Khelil. Mais peut être faut il finalement regarder un cran au dessus. L’acharnement à vouloir réhabiliter Chakib Khelil envers le bon sens minimal suggère une solidarité suspecte.

Une chose est sûre, la fuite qui a éventé le rôle de Unaoil dans la distribution des pots de vins en Algerie ne vient pas du DRS. Le journaliste australien qui a été le premier touché par une « voie profonde » sur ce dossier en raconte les HuffPost Algérie » target= »_hplink »>détails. Echelle wikileaks.Il y est à nouveau question de Omar Habour, l’énigmatique homme d’affaires proche de Chakib Khelil.

La zaouia de Cheikh Sidi Ben Merzouk de Djelfa n’était pas au courant pour Unaoil, Samsung et Hyundai. Elle a rendu hommage à l’ancien ministre de l’énergie au moment précis où un nouveau méga scandale était éventé impliquant sa gestion du secteur de l’énergie. Un mauvais signe du ciel.

Le gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Lasksaci est devenu la cible privilégié des dirigeants du FLN, députés et secrétaire général. Les attaques sont devenues particulièrement violentes depuis quelques jours. Mohamed Laksaci serait, à entendre Amar Saadani, le responsable de l’impasse financière du pays et de la décote du dinar qui en a résulté.

Cette chronique a peu ménagé ces dernières années le patron de l’institut d’émission algérien. L’objet de la critique était invariablement le peu d’inclinaison de Mohamed Laksaci a être pro-actif avec les besoins de l’expansion économique.

Il a entériné la fermeture de l’investissement bancaire aux privés algériens après l’affaire Khalifa, il n’a pas contribué à l’amélioration de la bancarisation en menant une politique restrictive de l’extension du réseau bancaire pour les banques étrangères, il a été très et demeure, très en retard dans l’assouplissement du dispositif pour promouvoir les exportations algériennes et les investissements à l’étranger des entreprises algériennes, il a été trop timide dans la politique de placement des excédents de change algérien et aurait pu contribuer à faire émerger un fonds souverain algérien au moment ou le marché actions s’est effondré à l’international en 2009, il n’a pas réussi à freiner la montée de l’écart entre le dinar officiel et le dinar parallèle en n’asséchant pas une partie de la demande de devises sur le marché noir.

La liste des reproches pourrait être plus longue. Tous ne sont pas nécessairement fondés. Il s’agit d’un point de vue. Certains diront d’un point de vue intéressé. Soit. Il n’en reste pas moins que Mohamed Laksaci n’habite pas la même galaxie morale que ses détracteurs d’aujourd’hui.

Il reste un grand commis de l’Etat. Ils sont les expressions délinquantes d’un lobby d’affaires lié à l’importation et au dinar fort.

Si Mohamed Laksaci a été insulté à l’assemblée nationale sous le regard consentant d’un occupant du perchoir lui-même importateur de poids, c’est parce que sa politique d’ajustement par le taux de change du dinar étrangle les importateurs.

Ce sont les années Bouteflika qui nous on amené là. Pour le gouverneur de la banque d’Algérie, être maltraité par l’homme qui veut réhabiliter Chakib Khelil est une bonne raison de résister.