Samira Kerkouche, Députée FLN,à L’Expression: « Les chances sont minimes »

Samira Kerkouche, Députée FLN,à L’Expression: « Les chances sont minimes »
Parlement algérien

A travers son expérience de députée au sein de l’Assemblée populaire nationale, la militante FLN de la circonscription d’Alger livre son constat sur la présence de la femme dans la vie politique et le refus des partis de contribuer à sa réelle promotion en l’impliquant dans la prise de responsabilité et de décision.

L’Expression: La femme occupe une place importante dans le discours politique des partis à l’approche des élections législatives. La réalité est-elle autre?

Mme Kerkouche: Oui, malheureusement ce n’est pas le cas en réalité. Les partis politiques refusent toujours de jouer le jeu. C’est grâce au président de la République que nous sommes présentes dans les institutions élues. Si ce n’était pas l’article 31 de la Constitution exigeant le quota des femmes au niveau des assemblées élues, les partis n’auraient rien fait. Preuve en est: nous n’avons rien vu de la part des partis pour former et entraîner les femmes à l’exercice de la politique. En 2012, les partis ont agi sous la contrainte de la loi en optant pour le remplissage des listes dans le seul souci de répondre au quota de 30% de femmes. D’ailleurs, nous avons vu des femmes qui n’avaient aucune relation avec le militantisme. Or, si on veut réellement impliquer la femme dans la gestion et la prise de décision, il faut l’entraîner à l’exercice de la politique à travers des formations internes et une participation effective au sein des structures organiques.

Peut-on s’attendre à des femmes en tête de listes?

Je pense que les chances sont vraiment minimes, pour ne pas dire quasiment impossibles. A l’exception des partis dirigés par les femmes qui jouent la parité, les autres partis ne le pensent même pas. Au sein du FLN, il y a une culture, voire une tradition que les hommes soient toujours privilégiés dans le classement des listes électorales. C’est un problème de mentalité et nous espérons que les choses vont évoluer avec le temps. Cela nécessite une bonne volonté politique et tout un travail de fond.

D’après votre expérience, quel constat faites-vous sur le rôle de la femme au sein du Parlement?

En tant que militante FLN et élue dans la circonscription d’Hussein Dey, je pense que la femme peut contribuer fortement à l’évolution de la vie politique. Elle est capable de jouer un rôle important au sein des assemblées élues pourvu qu’on lui laisse le champ libre. Ce qui n’est pas le cas malheureusement car les femmes militantes qui ont des convictions et des compétences sont marginalisées par les partis. Preuve en est: le quota n’est pas respecté dans la répartition des responsabilités.

Les femmes ne sont même pas associées à la prise de position. Même s’il y a une élite au sein de l’assemblée qui veut avancer, mais la solidarité fait défaut. Je vous cite un cas simple: lorsque j’ai proposé, dans le débat sur le règlement intérieur de l’APN qu’il y ait une commission de la femme pour réduire la charge sur la commission de la santé et des affaires sociales, les femmes ne m’ont pas soutenue et la proposition n’a pas été retenue faute de solidarité entre femmes élues.