La campagne électorale pour l’élection présidentielle ayant pris fin vendredi à minuit, les deux candidats au deuxième tour du scrutin devant mettre fin à la transition en Tunisie, Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki observaient samedi une journée de silence électoral.
Durant cette période de silence, les candidats doivent s’abstenir de toute activité électorale jusqu’à la fermeture, dimanche, des bureaux de vote.
Parallèlement, le vote des Tunisiens établis à l’étranger se poursuivait dans 43 pays dans de bonnes conditions selon les déclarations de l’instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).
Plus de 5 millions de Tunisiens sont appelés à choisir entre les deux candidats celui qu’ils jugent le plus à même de présider aux destinées du pays.
Le président de l’ISIE, Chafik Sarsar avait annoncé dans une
conférence de presse les résultats finaux du premier tour du scrutin avançant 39,46% des suffrages exprimés pour Béji Caïd Essebsi et 33,43% pour Moncef Marzouki.
En cas d’égalité dimanche entre les deux concurrents, le plus âgé sera proclamé président des Tunisiens.
Coude à coude serré, pronostic difficile
Pour de nombreux analystes, il est difficile de faire d’emblée un pronostic tant les chances de l’un et de l’autre semblent proches. C’est sans compter bien sur avec le bloc silencieux du premier tour dont les voix risquent de départager les deux candidats.
L’universitaire Haiqel Ben Mahfoud a estimé dans une déclaration à l’APS que les deux candidats étaient à égalité de chance avec cependant un basculement, en faveur d’Essebsi, des candidats du premier tour.
Mais, soutient cet analyste, le président qui sortira des urnes à la faveur du deuxième tour doit mettre de coté son appartenance partisane et agir comme président de tous les Tunisiens car la conjoncture que traverse le pays exige un esprit d’entente et de responsabilité pour faire face à la crise économique asphyxiante.
Dans le contexte de difficulté économique et de fragilité sécuritaire, l’action gouvernementale et l’activité politique restent vulnérable, a-t-il encore considéré.
Pour l’universitaire Nassereddine Benhadid, ce sont les abstentionnistes du premier tour qui devront faire la différence et trancher entre les deux candidats.
Mais quelque soit le vainqueur de cette élection, les cinq prochaines année « ne seront certainement pas de tout repos », prévient-il évoquant l’état de santé de Caïd Essebsi et « les doutes sur son incapacité de terminer un mandat et l’éventualité d’aller vers une élection anticipée ».
S’il est élu, Marzouki devra se confronter directement avec la majorité au parlement, ce qui pourrait l’amener à dissoudre le parlement, a-t-il encore supposé.
En plus, le prochain gouvernement est appelé à adopter une politique adaptée à la conjoncture d’autant plus que l’exécutif sera confronté aux défis relatifs aux salaires, l’inflation et le pouvoir d’achat.
Sur la capacité du gouvernement tunisien de relancer l’économie du pays, M. Benhadid relève que juste après la désignation d’un nouveau gouvernement, les Tunisiens « revendiqueront sans doute leur droit à une vie digne et au développement notamment dans les régions reculées ayant abrité la révolution de 2011 ».